25 bougies sur le gâteau, un anniversaire fêté en grande pompe à St Josse.
Jean Demannez a invité le haut du panier pour ce Saint-Jazz-ten- Noode 2010 qui se déroule sur 2 jours.
Un vendredi outdoor et un samedi avec une dizaine de concerts dans différents établissements de la commune chère à feu Cudell, un copain du fumeur de pipe le plus connu après Magritte.
Radoni's Tribe (19h30' )
Leila Radoni n'a pas voulu que papa Paolo sombre dans l'oubli et, avec des amis musiciens, crée un tribute band de pointures.
Un CD 'Let me hear a simple song' est gravé et le projet tourne aux quatre coins du pays.
Leila, par ailleurs, organise le festival Musicalix au Parvis Sainte-Alix (1150 Bruxelles) qui se déroulera le 25 septembre cette
année ( tu entendras Bai Kamara Jr -Alexandre Furnelle et la clique à Castellucci e.a.).
L'éminent Marc Danval, en présentateur aristocratique, dévoile le nom des membres de la tribu.
Aux vocals latins: Chrystel Wautier- trompette/bugle: Gino Lattuca -sax et flûte: Ben Sluys - guitare:
Paolo Loveri- contrebas: Basse Cooijmans - piano: Charles Loos et à la batterie: bompa Bruno
Castellucci.
Une belle brochette de requins, tu me dis.
Effectivement, pas facile de trouver mieux dans le coin.
Gino, à toi l'honneur pour un premier solo. Il passe le relais au grand Ben sur rythmique galopante.
Reprise du thème, petite envolée du Charel et final à six.
Difficile de rester assis devant une telle fougue.
Voilà Mademoiselle Wautier: ' Ricordo', changement de destination: Egberto Gismonti, Nara Leão, Elis Regina... chaud, chaud!
'Let me hear a simple song ' une ballade aux lignes de guitare lyriques et à la flûte ou trompette mielleuses.
C'est beau, te souffle une brave dame.
Vais pas la contredire.
Tom Jobim 'Luiza', un mellow tone langoureux aux arabesques de sax impudiques.
Un superbe travail de Paolo Loveri: dextérité, feeling, élégance.... Paolo Radoni considérait cette Luisa comme une des plus belles mélodies jamais composées.
Va boire un coup, maske, on va leur jouer un petit swing qui balance pas mal: 'My li'l angel'.
On sort la grosse artillerie: Castellucci en sergent-major dirige les opérations, les fantassins, à tour de rôle, à l'offensive, une méchante rafale de Loveri . Souffle un coup lui dit Loos, je
prends le relais, on te couvre Charles,
En final les six troufions quittent la tranchée pour un dernier assaut.
Grand.
'Trapeze' acrobaties en onomatopées et tour de manège du côté de Rio.
Toutes les écluses sont ouvertes, le Sluys fait gicler un torrent de notes de son sax collant.
Une dernière ' Brigas Nunca Mais' , un second Tom Jobim.
La bossa nova suprême, avec un dernier trait de génie de Ben Sluys.
Grand concert!
Toots Thielemans
Quartet
als toots de lippen
op het metaal zet
de ogen sluit
en zijn ziel
door de houten schotjes blaast
dartelen er
zwermen vogels door je
borstkast
Dixit Nico Dijkshoorn, un poète de chez Beatrix.
Jean-Baptiste Frédéric Isidore se tape 88 printemps, mais l'âge n'a aucune emprise sur lui.
Un coeur de teenager et un jeu empli de noblesse.
Le Baron de la rue Haute a fait pleurer St-Josse. Ce peï combine tout: classe, humanisme, aura de sympathie, modestie, gentillesse et humour.
A la fin du concert des centaines de fans, de 7 à 177 ans, ont sorti les mouchoirs pour camoufler les larmes s'échappant sur leur faciès heureux, même les poulets sanglotaient.
Encore une citation:
Trésor national chez lui en Belgique, véritable légende vivante au Japon, “officier des Arts et des Lettres” au Brésil (sa seconde patrie), Jean “Toots” Thielemans est un phénomène. Un cas unique dans l’histoire du jazz et de la musique.
Philippe Krümm.
21h10':
Toots prend place sur le tabouret au centre de la scène.
Pour l'accompagner, des pointures: Nathalie Loriers au piano- Sal La Rocca à la contrebasse et un second concert pour Bruno
Castellucci à la batterie.
Au menu, plusieurs titres que tu retrouves sur son dernier enregistrement: Toots Thielemans European Quartet Live'.
Le standard 'In your own sweet way' ne se trouve pas sur ce CD.
Un harmonica lyrique, un jeu de piano syncopé et un sale petit solo de Sal, c'est bien parti.
Le Toots nous décore la mélodie de quelques lignes Il était une fois à St Josse vraiment pas cloches.
Une ballade fondu enchaîné 'I loves you Porgy' + 'Summertime' sur la rythmique de 'All Blues' m'explique Nathalie Loriers après coup.
Clos les paupières, oublie la Tour Madou, retrouve-toi du côté de Manhattan, un feutre sur le crâne, mains enfouies dans les poches de ton trench et pose-toi une question: où avaler un dernier
Scotch avant de regagner ta chambre minable?
Snorremans en pleine forme, les petits jeunes se et nous régalent.
Les dauphins aussi sont romantiques.
'Days of Wine and Roses' Mancini/Mercer .
Une version 24 carats: des transalpins démoniaques, un piano ivre de vin et un harmonica embaumant la rose.
St Josse en extase.
'The Island', Toots et le Brésil... il explique: le titre portugais répond au nom de 'Comecar de Novo'.
Version suave et aérienne, Miss Loriers en vedette.
Premières larmes, suivies d'une première standing ovation: 'Les Feuilles Mortes' , c'est de saison!
Carioca time: 'St Thomas', pour oublier l'automne, ses brumes et son spleen.
Anecdote: Bruno , c'est depuis quand qu'on joue ensemble, menneke?
1972, papy!
Papy, toi-même, tu viens de nous présenter ton Oscar de petit-fils!
J'ai joué avec Paul Simon, voilà son ' I do it for your love' que j'ai enregistré avec Bill Evans.
Sobre et élégant.
Ressortez les Kleenex !
Depardieu et Montand rendent l'âme : le thème de 'Jean de Florette' .
Bande de salopards, c'est une honte de faire pleurer les braves gens.
Un standard swing ' All the Things you are' 1939.
Et pour finir, l'estocade finale 'Bluesette' .
Point d'orgue d'un concert fabuleux.
St Josse debout, dix minutes d'acclamations.
'Vous êtes bien gentils' qu'il nous sort, vous savez dans les années 40 j'ai joué dans le coin.
Au Claridge, il y avait le 'Hot Club de Belgique' en concert, m'ont laissé interpréter un truc avec eux, 'Sweet Georgia Brown', m'en souviens comme si c'était hier...
Arrête de radoter Toots, on va leur faire un rappel, annonce Sal.
Wat zeg je?
Jacques Brel, ajoute le Castel.
Juste, Bruno!
'Ne me quitte pas'
Là, pas moyen de cacher tes émotions, des couacs dans la gorge et des larmes de crocodile.
Sans voix, on est.
Merci, Toots!