Un matin, elle trouva un monsieur endormi dans le lit de sa mère, elle s'approcha. L'homme, chahuté dans son sommeil par la sensation d'une présence, ouvrit les yeux et tomba sur le regard fixe, hostile, d'une gosse de trois as. Il tenta de l'amadouer, sourit, gazouilla, bêtifia. Embrun le regarda avec un air de haine aggravée. La même scène se répéta le lendemain. Le surlendemain, Anne n'eut plus de nouvelles du charmant garçon; il l'avait quittée sans explication. Quatre mois plus tard, un nouvel homme dans la vie d'Anne et de nouveau un départ précipité. Cette fois-ci, Embrun ne s'était pas contentée d'observer le monsieur avec cette expression de joie menaçante (son intensité beethovénienne), elle avait posé des questions :- Pourquoi l'autre monsieur il est pas là?- Quel autre monsieur?- Le monsieur du lit.- Il y avait un autre monsieur dans le lit de ta maman?- Oh oui! Hier, un monsieur avec une barbe.On comprend que cette nouvelle liaison n'ait pas duré.
Stock, 2004, p32-33