En attendant d’accueillir les artistes Séverine Hubard, Marion de Colombel, Laurent Rabier et Pascal Ruestch ainsi que Michel Cloup (Diabologum, Expérience, BAM) et Pascal Bouaziz (Mendelson) pour un concert rare le 14 octobre 2010…
Bref, en septembre, pour une semaine, la Maison Salvan place entre parenthèses son projet autour de la création contemporaine mais recourt toujours aux chercheurs.
crédit : Nicolo’ Revelli-Beaumont
Soirée exceptionnelle le 17 septembre 2010
- 18 h Contes d’inspiration tsigane par Dominique Despierre
- 19 h Vernissage des expositions :
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- Le Soldat et la Bohémienne. Collection particulière d’Emmanuelle Stitou réunie dans le cadre de ses recherches
- Fête des Saints Cosimo et Damiano, par Nicolo’ Revelli-Beaumont
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- 20 h 30 Conférence/débat : L’internement tsigane, de la genèse à l’oubli par Emmanuelle Stitou, anthropologue
- 21 h 30, concert, swing manouche par Delvis Bellocq
crédit : Emmanuelle Stitou
Expositions du 18 au 25 septembre 2010, Mercredi-samedi / 15 h-19 h www.maison-salvan.fr
Maison Salvan, 1 rue de l’Ancien château – 31670 labège – 0562248655 / 067131231
Emmanuelle Stitou étudie depuis une dizaine d’années les populations tsiganes de Toulouse. Doctorante en anthropologie au Centre d’anthropologie sociale, elle poursuit une thèse sur la vie des femmes manouches et gitanes de l’agglomération. Sa passion se manifeste également au travers de son implication au CCPS – Comité de coordination pour la promotion et en Solidarité des communautés en difficulté : migrants et Tsiganes – et au Collectif Solidarité Roms de Toulouse.
→ Conférence/débat : L’internement tsigane : de la genèse à l’oubli
Au fil des siècles, l’imaginaire social à l’égard des Tsiganes n’a cessé de les enfermer dans une série de préjugés. Cette vision, renforcée et légitimée au XIXe sous l’influence d’une pensée raciste, atteindra son apogée au cours de la Seconde Guerre mondiale. Au prétexte d’être considérés comme des asociaux et des dégénérés, les Nazis entreprendront l’extermination des Tsiganes. Dans la France occupée, près de 6 500 hommes, femmes et enfants seront internés entre 1940 et 1946 dans 30 camps répartis sur tout le territoire.
Encore largement méconnue, cette page de l’Histoire de notre pays mérite d’être davantage mise en lumière afin que la question tsigane ne soit plus pensée à travers un folklore romantique et suranné quand ce n’est pas le rejet, pur et simple, de l’ethnie.
→ Exposition : Le soldat et la bohémienne. Quand les militaires de la Wehrmacht photographiaient les Tsiganes de l’Est, 1940-1945, collection personnelle d’Emmanuelle Stitou.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale entre 250 000 et 500 000 Tsiganes ont été assassinés au nom de la politique eugéniste nazie. De cette période nous sont parvenus des clichés photographiques. Hommes, femmes, enfants ont été immortalisés par des soldats traversant les pays de l’Est, soucieux de rapporter un souvenir exotique de leur aventure militaire. Fragments de vies, gestes quotidiens pris sur le vif, rencontres de deux mondes au cœur de la guerre, autant de témoignages ethnographiques et historiques sur lesquels plane l’ombre tragique du génocide.
Nicolo’ Revelli-Beaumont, né a Rome en 1983 et actuellement Reporter photographe collaborant depuis 2 ans avec l’agence SIPA PRESS à Paris, a été amené à réaliser le reportage sur la fête des Saint Cosimo et Damiano a l’occasion d’un travail de documentation ethnographique pour l’université de Cosenza, dans le sud de l’Italie. Ce reportage a été primé par une mention spéciale du jury au « Scoop », festival international de journalisme d’Angers, dans la catégorie jeune reporter.
→ Exposition : Fête des Saints Cosimo et Damiano
Du 26 au 27 septembre, se déroule chaque année la fête des Saints Cosimo et Damiano à Riace, un petit village côtier en Calabre, à l’extrême sud de l’Italie, réunissant population locale et gitans de confession catholique. La dévotion pour les Saints – le médecin Cosma serait plus puissant que son frère Damiano, « simple » pharmacien – est renforcée par la croyance dans la figure du « béat » Zeffirino, un martyr gitan tué alors qu’il protégeait un prêtre et dont un « ex voto », conservé dans le sanctuaire du village, rappelle l’événement.
Encore plus qu’une croyance commune, qu’un rite partagé, c’est la musique et la danse – la Tarantella – qui créent un lien ‘corporel’, sensible entre la population locale et les gitans. Autrefois bal thérapeutique pour soulager de la morsure d’une araignée mythique, la tarantola dont elle tire le nom , la Tarentelle reste la danse par excellence dans tous les rites du sud de l’Italie. Cette danse de couple – en général deux hommes, deux femmes mais parfois un couple mixte – est structurée selon des règles bien précises rappelées par un maître de danse. C’est lui qui définit le cercle à l’intérieur duquel prennent place les danseurs accompagnés par les « sons » – tammorra, organetto, castagnette - des musiciens.
Alors que les épisodes de racisme se multiplient de façon inquiétante en Italie et à l’heure où vient de naître un « crime de clandestinité pour les immigrés »*, cette fête où deux cultures se rencontrent au point de se « confondre » nous rappelle que l’Italie est un Etat pluriethnique, à la fois pays d’émigration et d’immigration, et dont l’identité est étroitement liée à la différence, à « l’autre ».
*Loi Maroni du 8 août 2009
crédit : Nicolo’ Revelli-Beaumont
crédit : Emmanuelle Stitou