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La mémoire vaudoise s’est effacée.
Ne restent que les lourdes murailles et quelque chose dans l’air pour rappeler les suppliques.
Ceux qui détiennent aujourd’hui les clés, ont bien d’autres fortunes à défendre.
Ils viennent là pour fuir un monde qu’ils contribuent à créer, s’entourent de luxe, de calme et de volupté, s’organisent pour que le bas peuple ne vienne jamais souiller leur silence.
La beauté est l’apanage de la richesse, tandis que les autres, les exclus n’ont que béton de cités dortoirs en ultime sépulture.
Qu’ils y crèvent laisse le passant, sur la place si joliment pavée, indifférent.
Lui se fait plaisir, s’ouvre au livre et à ses à côtés, pérore entre deux pages de littérature et se donne genre bohême pour la touche d’humanité.
De celle-ci, il n’a que l’apparence, car le contenu est enfermé à double tour dans des coffres, avec les tableaux et sculptures qui forment le patrimoine invisible.
On s’intéresse à l’art, en ce beau monde, mais non pour embellir le commun, mais pour capitaliser quelque fortune supplémentaire et discrète.
*
Lorsque mes yeux alourdis de fatigue s’ouvrent sur l’aube, ils rêvent qu’au moins une fois, ils seraient en mesure de vivre avec grâce et aisance chaque heure à venir.
Quelques paroles me viennent de sous le cèdre : doux rafraîchissement au parfum d’orient délivré pour accueillir mon premier soupir.
Ce que je vis et ce que pourrait être poésie n’a plus beaucoup d’importance en ce refuge.
*
D’autres ici et là naviguent en sempiternels débats.
On se consulte, on s’évertue à ne mettre dans la case du poème que ce qu’on veut bien y voir et trouver.
L’essentiel a déjà pris le large et rame avec empressement pour ne pas devoir revenir sur ces rives perdues.
*
Au contrepoint des mots
Les cœurs restent
Suspendus aux lèvres
Attendant une suite
.
Mais non
Ce n'est que léger tulle
Posé au mystère des vers
.
Dans le sillage de nos pas, que laissons-nous?
.
Manosque, 9 août 2010
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