Des élèves font amis - amis avec leurs profs : les nouveaux réseaux sociaux modifient les relations entre enseignants et enseignés au risque de mélanger vie privée et vie professionnelle. Certains en reviennent tandis que d'autres décident d'utiliser les réseaux sociaux pour tenter des pédagogies innovantes. Laurence, 36 ans, professeur au lycée professionnel Paul Doriole à La Rochelle, envoie les consignes à ses élèves via le réseau Twitter. Elle enseigne le français, l’histoire-géographie et l’éducation civique.
«Au début, j’étais amie sur Facebook avec mes élèves, explique-t-elle, mais cela mélangeait trop ma vie privée avec ma vie professionnelle. Et quand mes élèves ont compris que je voyais leurs photos de soirées arrosées, ils m’ont supprimée de leur liste… Comme j’utilisais moi-même Twitter, je les ai alors fait travailler dessus. Depuis l’année dernière, c’est un vrai succès! En classe, ils commentent textes et images par petites phrases, en 140 signes, selon le principe du fameux site de micro-blogging. À la maison, ils débattent en ligne avec leurs camarades d’une émission télévisée ou d’un livre. Même s’ils respectent une charte d’utilisation très stricte, ces adolescents sont conquis par la modernité de la méthode. «Nous faisons un travail collaboratif et mutualisé. Ainsi, ils deviennent acteurs et non pas consommateurs du cours».
Cette professeure n'est pas la seule à passer par le réseau Twitter pour travailler avec les élèves. D'autres préfèrent les blogs participatifs ou les wiki. Il existe peu d’études sur le sujet. Audrey Guilbaud-Varachaud, professeure-documentaliste stagiaire à Bayonne, a mené une expérience avec ses élèves. Sa contribution parue dans le n° 482 des Cahiers pédagogiques intégralement consacré à l'intérêt que le web 2.0 a pour l'école est en ligne sous le titre : Facebook, quelle aventure... - Carnet de bord d’une enseignante-documentaliste stagiaire.
Sur le même sujet, "Facebook à l'école" qui engage une réflexion plus argumentée qui expose les bénéfices qu'il y aurait à cet usage mais exprime les problèmes qu'il pose.
«Les élèves jouent le jeu et sont demandeurs. L’apprentissage des dates en histoire devient ludique, mais tout aussi efficace. La publication numérique permet en outre de mettre en valeur leur travail». «En passant par l’écrit, les élèves améliorent leur mode d’expression. Ce qu’ils mettent en ligne est entièrement public, ils réfléchissent donc également à leur identité virtuelle et à leur vie privée. Et puis inconsciemment, cette réflexion collective renforce la cohésion, crée une identité de classe et d’établissement.»,approuve Julien Llanas qui est,à Créteil, chargé de mission sur l’utilisation des nouvelles technologies dans l’éducation.
Ce genre de dispositif nécessite de cadrer rigoureusement les élèves mais aussi d’être assez disponible, y compris le soir, pour corriger les fautes, donner les instructions, rappeler à l’ordre et vérifier le contenu du blog. La «pédagogie embarquée», comme les spécialistes l’appellent, dépend de l’engagement bénévole de l’enseignant…L'enseignant a aussi une vie privée. Mais Facebook offre aussi la possibilité de garder un contact avec les anciens élèves et les professeurs préoccuppés de l'avenir de leur élèves y trouvent un grand plaisir.
De l'usage des réseaux sociaux, il y a surement un mode d'emploi à développer dans le domaine de la pédagogie et bientôt les élèves apprendront à conjuguer Facebook : je facebook, tu facebook, il ou elle facebook...