Le projet d’éoliennes au large du Languedoc est décoiffant

Publié le 11 septembre 2010 par Laurian888

A l’horizon 2015, des éoliennes pourraient émerger au large du Languedoc. L’Etat veut rattraper le retard de l’Hexagone, qui ne possède aucune éolienne offshore, malgré 5 800 km de côtes. Reste à savoir où les installer. Outre la fronde de certains élus, surtout autour de Didier Codorniou, maire de Gruissan(petit village dans l‘Hérault), les projets se heurtent à des problèmes techniques. Une zone au large d’Agde et de Valras serait plus propice, avec l’aval des collectivités locales. Chargé du dossier pour la Région, Yves Pietrasanta fait le point sur les projets qui décoiffent et appelle à une large concertation dans le cadre d’un Grenelle décentralisé.

L’Etat lance, ce mois-ci, des appels d’offres aux industriels pour implanter des éoliennes en mer. Une bonne chose pour le Languedoc-Roussillon ?
L’éolien est une bonne chose en soi. Sur ma communauté de communes du Bassin de Thau, 22 éoliennes produisent 50 mégawatts. Avec celle du centre Hérault, cette trentaine d’éoliennes permettent d’éclairer 120 000 habitants. La plus petite éolienne industrielle produit 2 mégawatts. Pour produire la même quantité avec des capteurs photovoltaïques, il faut occuper 10 hectares ! La centrale photovoltaïque de Narbonne couvre 30 ha. En Languedoc-Roussillon, on a près de 400 MW d’éolien installés, sur 600 autorisés. Mais on devrait avoir 3 500 mégawatts ! Quant à l’éolien en mer, c’est une bonne chose aussi, à condition que les populations y soient favorables.

En Méditerranée, deux ou trois périmètres ont été dits « propices » au plan technique : soit au large de Port-la-Nouvelle et Gruissan, soit face au Cap-d’Agde. A Gruissan, les élus y voient une nuisance pour le tourisme. La zone du plateau continental où l’implantation serait aisée et peu coûteuse est à 1,5 km environ. Les mâts placés avant cette zone seraient visibles des côtes, avec un impact paysager difficilement acceptable.

Outre la pollution visuelle, bien d’autres obstacles existent. Au nom de la biodiversité, la zone des trois mille, vrai vivier, est classée Natura 2000. La loi interdit aux chalutiers de venir y racler les fonds. La petite pêche côtière, elle, voit d’un bon œil l’enrochement d’éoliennes, où le poisson niche et fraye, comme sur des récifs artificiels. Par contre, avec des mâts de 90 m au-dessus du niveau de la mer, culminant à 150 m en bout de pale, une éolienne peut gêner les radars et couloirs d’aviation. Tout cela requiert des autorisations.

L’éolien a-t-il plus de chance de s’installer au large d’Agde ?
Le plateau continental est le même que devant Gruissan. Là aussi, élever des éoliennes très loin des regards serait onéreux. Mais à Agde, il semble y avoir plus d’ouverture au projet. De toute façon, il faut que les premiers intéressés l’acceptent, sachant aussi que cela va rapporter aux collectivités locales concernées. Rien n’est tranché. Les entreprises qui postulent, dont EDF Energies Nouvelles, sont en train de répondre à l’appel d’offres de l’Etat, et fourniront un schéma d’impact. Dans six mois, avec le bilan des offres, s’ouvrira l’enquête publique pour choisir une zone.

Si ces projets tombent à l’eau d’autres techniques peuvent émerger. Pourquoi pas des éoliennes flottantes plus loin, comme les plates-formes pétrolières ! Ou des hydroliennes immergées, utilisant les courants marins. De tels projets existent au large de départements d’Outre-Mer.

Quelle leçon tirer du Grenelle de l’environnement ?
D’abord, la nécessité d’une large concertation sur tous les sujets. Mais les Grenelle I et II ont eu lieu à Paris, où, comme à Bruxelles, des milliers de lobbies, du nucléaire ou autres, sont très actifs. J’ai donc émis l’idée d’organiser, avec l’appui du ministre Jean-Louis Borloo, le plus tôt possible, un Grenelle régional de l’environnement et du développement durable. Ce sera le premier Grenelle décentralisé en France. Il réunira des membres qualifiés, nommés par le préfet et le président de Région, dans cinq collèges : entreprises, syndicats, élus, associations, Etat. Le but est de faire remonter les demandes des habitants de cette région, de favoriser l’emploi avec les entreprises et les chercheurs, tout en écartant les lobbies et groupes de pression qui ne visent pas l’intérêt des citoyens.(source de l’article:Midilibre)