Cinq mois après l'accident de l'avion du président polonais Lech Kaczynski à Smolensk en Russie, son frère jumeau a accusé vendredi le Premier ministre libéral Donald Tusk et le président Bronislaw Komorowski d'en porter la "responsabilité morale et politique".
"La responsabilité morale et politique doit se traduire par des limogeages (...) Des gens comme Donald Tusk et Bronislaw Komorowski (...) doivent disparaître à jamais de la scène politique polonaise", a clamé devant ses partisans Jaroslaw Kaczynski, chef du parti conservateur Droit et Justice (PiS, opposition), qui a perdu en juillet l'élection présidentielle contre Bronislaw Komorowski.
M. Kaczynski a aussi souhaité vendredi "la disparition de la scène politique" du chef de la diplomatie Radoslaw Sikorski et du ministre de la Défense Bogdan Klich, en accusant le gouvernement de "nombre de manquements" dans la préparation du vol fatal du 10 avril; ce vol avait coûté la vie à Lech Kaczynski et à 95 autres personnes quand leur avion s'était écrasé en tentant d'atterrir à Smolensk par un épais brouillard.
Indépendamment de l'enquête officielle en cours simultanément en Russie et en Pologne, le parti de Jaroslaw Kaczynski a formé un groupe d'étude parlementaire pour élucider les causes de l'accident, sans exclure des hypothèses de crime ou d'attaque terroriste.
Des théories du complot, selon lesquelles l'accident était une tentative d'éliminer le président conservateur peu avant l'élection présidentielle en Pologne, se répandent toujours via des sites internet favorables aux conservateurs.
Mercredi, Jaroslaw Kaczynski avait affirmé dans une interview à un journal nationaliste polonais que la Pologne était devenue "un protectorat germano-russe", et que les libéraux au pouvoir "avaient capitulé" devant Moscou.
Dans un geste sans précédent, le parti Plateforme civique de M. Tusk, son allié le parti paysan PSL et l'opposition social-démocrate (SLD) ont fait une déclaration commune pour condamner ensemble les propos de Jaroslaw Kaczynski.
Vendredi soir, Jaroslaw Kaczynski a assisté à la cathédrale de Varsovie à une messe consacrée aux victimes de la catastrophe, avant de conduire un cortège d'un millier de ses partisans portant des torches allumées devant le palais présidentiel où se dresse une croix érigée à la mémoire de Lech Kaczynski.
Cette croix en bois, installée spontanément par des scouts polonais après la catastrophe de Smolensk, continue d'attiser une polémique politico-religieuse en Pologne. Ses défenseurs empêchent toujours son transfert dans une église.
Les manifestants ont brandi des banderoles accusant le gouvernement libéral de manipuler les informations sur la catastrophe et dénonçant la mainmise de la Russie sur l'enquête en cours.
source AFP