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Dead Man Dying

Publié le 11 septembre 2010 par Darcken83
Dead Man Dying
La green attitude, c'est un état d'esprit. Manger exclusivement des conserves Géant Vert, ne pas oublier sa panoplie verte à la Saint Patrick, sous peine de se faire taper sur le dessus du crâne par les lutins guillerets, se saouler au Get 27, aimer s'allonger dans l'herbe.
Mais c'est aussi le nouveau noir, le vert.
Le 14 avril 2010, je suis à Berlin, et j'apprends la mort de Peter Steele.
Autant dire que mon coeur a saigné. Il suintait verdâtre. Par quel phénomène chimique, ça, je ne saurais le dire.
Dans tous les cas, j'ai vu s'envoler ma chouette carapace de demoiselle goth, et toutes mes consœurs poussant les haut-cris, complainte déchirante. Bela Lugosi n'est pas mort, mais Peter Steele oui.
Plutôt curieux pour un être si définitivement morbide, que de se voir affronter la Faucheuse en duel.
Le génie de Type O Negative réside dans sa parfaite auto-dérision, le jeu constant du chat mort et de la souris. Et l'apport d'une musique pesante, mais toujours sexy en diable et dégoulinant, comme un sirop d'entrejambe (oui, bon, on passera sur cette comparaison un peu "cavalière").
La mayonnaise prend (désolé) facilement, on se laisse vite berner par ces chevaliers de l'Apocalypse au teint olive qui vous arnaque avec leur style improbable, mélange déroutant de hardcore-trash/doom/métal et cette facette lourde, romantique à souhait.
1993 marque la sortie de l'album "Bloody Kisses", premier succès commercial du label Roadrunner Records. La virtuosité de la galette se ressent dès "Christian Woman", chanson-fleuve à la gloire du péché. "Black N°1" est LA chanson référence pour toutes ces filles qui ont les racines apparentes, passant leur temps à se teindre en noir.
Bref, un bijou ciselé dans le granit.
"October Rust" paraît en 1996 et confirme la tendance romantico-baroque du groupe, avec des chansons lentes à ramper sur le ventre, dont les très belles "Love You To Death" et "Be My Druidess".
A partir de là, leur mode de fonctionnement reste similaire ; une musique lourde, entêtante, venue du dedans.
Le point fort du groupe, s'il en est, est sa maîtrise totale du délire le plus débridé, le plus sous-ceinturé, le plus grivois. Peter Steele et ses camarades Josh Silver, clavier, Kenny Hickey, guitariste, et Johnny Kelly, batteur s'ébattent dans des sauteries pipi-caca plus que jouissives, en témoigne le live de l'année 1999 intitulé "Symphony For The Devil", où l'on assiste backstage à tout un tas de règlements de compte sous forme de chat-bite et de dessins sur le visage, du plus bel effet.
Type O a toujours été controversé, et déclare, après les accusations de nazisme et autres fascismes datant de 1991 et de l'album "Bloody Kisses" (la chanson "Kill All The White People" plus particulièrement) :
«Type O endosse la responsabilité de presque tous les désastres majeurs des deux derniers millénaires : de la crucifixion du Christ, au trou dans la couche d’ozone en passant par la guerre du golfe et le Sida.»
De quoi faire tiquer. Mais c'est bien cela qui est bon chez nos bonshommes verts ; l'auto-dérision et autres drôleries du même acabit sont peu fréquentes dans les formations metal qui se prennent parfois pour les chevaliers de l'Apocalypse.
Le mérite de Type O, outre d'avoir inondé les sous-vêtements de nombreuses jeunes filles en fleur, est d'avoir aussi, et surtout, apporter une âme à une musique parfois dur à recevoir, assumant parfaitement la part de féminité qu'il peut y résider.
Alors Pete, so long my friend, et....CHAT-BIITE !

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