Maurice BOITEL (1919-2007) était le père d'un ami d'enfance, Dominique, avec lequel j'ai renoué des liens voici quelques années. C'est surtout l'un des peintres de la Nouvelle Ecole de Paris avec Bernard Buffet, Pierre-Henry, Michel-Henry, Louis Vuillermoz et Jean-Pierre Alaux. Une peinture figurative classique, dans la grande tradition du post-impressionnisme, sans concessions aux courants modernes du XXème siècle.
Hier soir, nous étions conviés au vernissage d'une petite rétrospective, dans le patio de la Mairie de Saint-Mandé. Une foule de souvenirs d'enfance pour moi : l'emplacement de l'Institution Lefavret où j'ai commencé l'école, le chemin du Bois de Vincennes où nous jouiions, Dominique et moi, à soulever les feuilles mortes, au grand dam de nos mamans.
Car nous habitions presque le même immeuble boulevard Soult, où Maurice Boitel avait son atelier, avons fréquenté le même lycée, connu les mêmes professeurs. Et Saint Mandé, petite commune cossue coinçée entre le bois et le périphérique, avait déjà cet air de ville de province à quelques mètres seulement de Paris. Ces rues paisibles, à Saint-Mandé où la grand-mère de l'artiste possédait une maison de campagne, Montreuil sous bois, Vincennes...servaient souvent de motif à l'artiste dans les années 50.
C'est la première fois que je les vois en si grand nombre, permettant de distinguer les "périodes" successives du peintre. Un fil rouge : la captation de la lumière. Même sur cet immeuble au crépi lacunaire, boulevard Carnot, plus encore sur les paysages vibrants de Cadaquès (mais cette toile ne figure pas dans l'exposition), et la représentation du vent ébranlant les maisons de bord de mer à Audresselles, on ressent le mouvement et la vie.
Autre émotion : rencontrer Marie-Laure, devant le portrait où elle arbore un superbe pull rayé et un chapeau pointu. Avec un sourire pétillant dans les yeux, elle raconte les longues séances de pose, entre deux baignades. Sa soeur et elle avaient posé tour à tour pour le peintre et les deux portraits avaient été accrochés côte à côte. Je retrouve aujourd'hui une dame d'à peu près mon âge, pleine de vie et d'une rare simplicité, et toujours ce même regard si bien transmis par Maurice Boitel. Il aurait pu aussi faire carrière comme peintre mondain, mais je pense qu'il préférait le silence des paysages ou le calme des natures mortes.
Grâce soit rendue à sa famille, son épouse et son fils Dominique qui ne cessent d'animer de multiples manifestations autour de l'oeuvre de Maurice Boitel, le faisant ainsi vivre encore parmi nous...
Un seul regret pourtant ; à la différence de l'hiver 2008, je n'ai pas vu David Caruso à la sortie de l'exposition Boitel...
Exposition Maurice Boitel, patio de la Mairie de Saint-Mandé, jusqu'au 16 septembre. Entrée libre (8h45 à 12h, 13h30 à 18h) samedi jusqu'à 12h, mais attention, aujourd'hui, c'est la fête, la braderie à Saint-Mandé !