Ce n’est pas dans tous les pays du monde qu’il est possible de penser que chacun fait ce qu’il veut de son corps.
Le ministre ougandais pour l’éthique et l’intégrité, James Nsaba Buturo, a eu selon lui une idée de génie: se servir de l’introduction d’une loi visant à supprimer la pornographie dans les médias pour réduire l’homosexualité.
Eh oui, pour monsieur James Nsaba Butoro, l’homosexualité demeure un vice et une plaie à abattre: « La pornographie mène à l’homosexualité (…) Les jours des homosexuels sont révolus. Ce projet de loi qui indique que la pornographie a contribué à la décadence morale et à l’augmentation des crimes est une bonne nouvelle pour tous les Ougandais de bonne morale ». Et pour les ougandais de « mauvaise morale »? Eh bien il faudra sans doute qu’ils songent sérieusement à réorienter leur sexualité. De gré ou de force. Et gare à eux s’ils ne respectent pas la loi!
La question ici n’est pas de qualifier la nature ni même la morale des relations homosexuelles. Mes compétences scientifiques limitées ne me permettent en outre pas d’affirmer que la pornographie conduit plus à l’homosexualité qu’à l’hétérosexualité: nombre de jeunes aujourd’hui ne font-ils pas (malheureusement) l’apprentissage du sexe opposé à la vue de films et d’images pornographiques? Et comment ne pas s’interroger sur la corrélation ici supposée entre l’homosexualité et l’augmentation des crimes?
Il faudra donc s’attendre à une chute spectaculaire du nombre de ces crimes, puisque ceux-ci semblent liés à l’homosexualité. Quitte à en occulter les causes premières?
Notons qu’un précédent projet de loi allant dans ce sens avait déjà avorté suite aux vives critiques du président américain Barack Obama, ainsi qu’aux menaces de la France, du Canada, du Royaume-Uni et des Pays Bas de supprimer les aides financières.
N’empêche, l’homophobie est restée illégale en Ouganda. Et l’orientation sexuelle surveillée à la loupe.