Entre Le Petit Chose et Le Petit Nicolas, l’histoire émouvante et cocasse d'unenfant marocain propulsé dans l’univers sophistiqué d’un lycée international. Mot de l'Editeur C’est en 1970 que le ciel tombe sur la tête de Medhi Khatib. Ébloui par l’intelligence et la boulimie de lecture de son jeune élève, son instituteur s’est battu comme un lion pour lui obtenir une bourse d’interne dans le prestigieux lycée Lyautey de Casablanca, réservé aux enfants des hauts fonctionnaires français et des familles les plus influentes du régime marocain. Medhi a passé ses dix premières années au pied de l’Atlas. Pauvre, libre, heureux, choyé par une mère imprégnée de culture ancestrale et par un père qui rêve pour son pays d’un avenir démocratique et moderne, il n’envisageait rien d’autre que de continuer à jouir de l’existence et de se repaître de ces livres merveilleux dont l’abreuvait son instituteur. Du jour où l'un de ses oncles l’abandonne à l’entrée du lycée Lyautey, en lui fourrant dans les bras une paire de dindons qu’il est censé offrir au responsable de l’établissement, la vie de Medhi change de dimension.
Editions JulliardBiographie Fouad Laroui né en 1958 à Oujda, est un économiste et écrivain marocain. Après des études au Lycée Lyautey à Casablanca, il passe par l' Ecole Nationale des Ponts et Chaussées en France, dont il sort ingénieur. Après avoir travaillé dans une usine de phosphates à Khouribga (Maroc), il part pour le Royaume-Uni, où il passe quelques années à
Cambridge et à York. Il obtient un doctorat en sciences économiques et part vivre à
Amsterdam où il enseigne l'économétrie puis les sciences de l'environnement à l'Université. Parallèlement, il se consacre à l'écriture.Ses romans écrits en français connaissent un grand succès au Maroc pour sa façon de se moquer des blocages et aussi des pesanteurs de la société marocaine. Il le fait avec humour et sans discours politique trop explicite. Lire la suite
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Monet Claude (1840-1926), Les dindons
(C) RMN (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
Extrait Mehdi posa son bol de chocolat et fixa d'un regard incrédule Morel qui admirait son reflet dans une vitre du réfectoire, quelques mètres plus loin. Morel se retourna et vit qu'on le regardait avec insistance. Trois bonds souples et il était au-dessus de Mehdi, comme une tour humaine se penchant, menaçante, sur le petit Sarrasin. -Y a un problème, Fatima ? T'as perdu tes dindons? Mehdi, transi, ne bougeait plus. Morel insista : - Eh ben quoi, parle, fils, quoi, quoi, qu'est-ce qu'il y a?
Les sept commensaux de Mehdi s'étaient arrêtés de manger et le regardaient, ravis de le voir sur le point d'être dévoré tout cru par le surveillant. Mehdi espéra une grande explosion, qui ne vint pas, un raz de marée, qui ne vint pas non plus, puis s'entendit dire d'une voix mal assurée et trop aiguë : - C'est que... vous dites « la fille
à Chamayrac », m'sieur, mais il faut dire « la fille
de Chamayrac ».
Les sept internes ouvrirent grand leurs yeux. On n'avait jamais vu ça. C'était trop beau! Ce bizuth osait corriger Morel ! Il y avait de la gifle dans l'air, du coup de poing dans les gencives, peut-être un meurtre. Ledit Morel resta là, sidéré, la bouche ouverte, pendant quelques secondes ; puis, ayant enfin compris ce qu'on lui disait, il se redressa, passa la paume de sa main sur ses cheveux, hagard, et se mit à vagir...
*** J'ai pris plaisir à suivre le jeune Mehdi dans cet établissement mythique qu'est encore aujourd'hui le lycée Lyautey de
Casablanca. Une année scolaire riche en situations drôles et émouvantes à la fois. Un roman admirable! Avec
Une année chez les Français, Fouad Laroui dont les talents ne sont plus à prouver, vient d'être nominé pour le
Prix Goncourt 2010.
Lycée Lyautey Batiment H, Casablanca