Gali Tibbon tourne autour de Jérusalem. Il vit donc dans un monde où les heurts ne concernent pas que les mots.
Il était là où la guerre s’arrête, où la révolution commence, où les mains sont rouges de sang. Ses photographies regardent au plus près le mur des lamentations et les enfants révoltés. Elles embrassent autant les petits papiers glissés dans l’interstice des pierres que les pierres elles-mêmes quand elles volent pendant l’intifada. Et il sait créer le dialogue visuel entre le mur sacré qui recueille les murmures et le mur infamant, celui qui enferme les Palestiniens.
Et puis, c’est un habitué des larmes. Quand un enfant meurt ou qu’un autobus explose, une image se dessine. Se fait-il, par lassitude, à la fréquentation de ces cercles brisés ?
Les photographies présentées à Perpignan n’en sont donc que plus émouvantes. « Echos de la Jérusalem chrétienne »pénètre dans les ombres du Saint-Sépulcre là où une autre crucifixion a eu lieu, au bout d’un autre itinéraire : la Via dolorosa, à la naissance de la chrétienté. Là où la communion prendtout son sens, même si les différences s’affirment.
« Religieux et croyants y chantent des prières dans une multitude de langues qui évoque la Tour de Babel. Des évêques célèbrent des offices en araméen biblique comme jadis, tandis que les voûtes obscures renvoient l’écho de nombreuses autres langues anciennes. Des moines drapés de mystère évoluent autour du tombeau en agitant des encensoirs entre les rais de soleil qui s’infiltrent – étrange croisement de rituels, qui pour certains, remontent aux premières sectes chrétiennes. L’église du Saint-Sépulcre est sans doute l’unique lieu eu monde où plusieurs processions et messes peuvent se dérouler sous le même toit, devant une assemblée hétéroclite de fidèles récitant leurs prières respectives côte à côte. »
J’ai beaucoup entendu parler des Lieux Saints lorsque j’étais en Norvège au mois de juillet. Au nord de l’Europe, à Trondheim, la pasteure Berit Lanke a su créer un contrepoint à Jérusalem, en réunissant régulièrement autour de Saint Olav toutes les églises d’Europe et les trois religions du Livre. Ce Saint Viking dont une des plus anciennes représentation figure sur une colonne de l’Eglise de la nativité à Bethléem.
Disons alors que j’aimerais que ce court article photographique rende hommage à cette femme de dialogue et que je souhaiterais tout autant me fondre un jour dans les foules dont les fois s’épousent, autour d’un Christ sanglant couché sur le sol, mais dans la convergence de regards dont la compassion pour le monde ne peut être mise en doute.
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