Le parfum Rossy de Palma

Une rencontre avec Etienne de Swardt, le patron de l'éclectique parfumerie Etat Libre d'Orange s'est concrétisée par la création d'un parfum, baptisé Eau de Protection. Composée à quatre mains par Antoine Maisondieu et Antoine Lie cette eau-là exprime admirablement la féminité très particulière de l'actrice. Pour créer son philtre magique, il a fallu piler des roses par brassées.

Roses en état de turgescence, toutes épines dehors, chair frissonnante, pétales serrés, gonflés, suants de désir impatient. Des roses rouges comme le sang, cette note aigüe qui laisse comme un goût de fer dans la bouche lorsque l’on suce le doigt blessé par sa tige épineuse. Sang de rose, rose bonbon. Lait fraise, fesses talquées, baisers sucrés. Chez Etat Libre d’Orange, la Maman est rarement loin de la Putain. Echauffés par le feu de cette chica, les nez ont embrasé leur imaginaire. Ils ont fabriqué un parfum entre armure et guipure. Une alcôve en champ de bataille. Rossy voulait s’envelopper dans un écrin d’effluves qui la protègerait autant qu’il rayonnerait. Elle réclamait une caresse pour elle, une surprise pour les autres. Alors les nez ont puisé au plus profond d’elle, ont distillé son miel, extrait le suc de sonCorazon.

Parfum-pulsation, rythmique de fleurs et d’épices, rose-géranium, gingembre-cardamome, indélébile comme une tâche de sang ; cet opus, le premier dans son genre, est un avertissement autant qu’une invite. D’autres coeurs ardents, d’autres fronts hardis auront peut-être la curiosité de se hisser jusqu’aux crêtes d’Etat Libre d’Orange. S’ils résistent au rituel initiatique, s’ils savent se faire désirer, alors la porte s’ouvrira de nouveau.