Max | Encens

Publié le 10 septembre 2010 par Aragon

Eaux soufrées, vagues biseautées comme les cartes d'un grand jeu de dupes, tranchantes comme le givre noir recouvrant les vitres glaciales d’antan. Nuit parfumée. Encens dispersé en volées confuses et ravageuses sur nos corps ombrageux perdus puis retrouvés.

Volute vague dansante comme girouette affolée au plus haut du toit d'une maison n'abritant plus personne depuis longtemps, volute mouette affamée venant à la rencontre de ce frileux équipage parvenu à grand peine au coeur d'un bien étrange océan.

Encens, ô enivrant encens, monte en fines grappes voluptueuses, exhalaison délirante de ma poitrine vierge trouée pourtant de mille vignes poésie exaspérée, ravagée par le sécateur fin du défi, lames tranchantes tachées de gouttes essentiellement solubles qui ne peuvent plus contenir ta sève vivante se dispersant dans l’air fruste du soir, odeur étrange et pénétrante de l’espoir qui vient  à moi en s'ébrouant comme un chien, à toutes forces, à grands cris, en tirant sur sa chaîne.

Encens en vagues rasantes, flammes dessinées sur le papier millimétré de mon coeur, sur mes paupières sans sommeil ouvertes bizarrement au croisement horizontal d'un monde qui éclate.

Mon corps se tend comme un filin. Installé sur un tambour de fine chair battant un rythme lent, mon corps palette colorée attend sa toile exaspérée. Mes doigts gourds ont réappris le sens inespéré de la marche en avant toujours plus en avant vers toi, en toi, toujours plus d'abordages, toujours plus de prévisibles naufrages, toujours plus d’océans inconnus à venir, toujours plus de nébuleuses inexactitudes.

Vivants embruns jetés sur un calendrier affolé, qui étouffe en essaimant ses jours,  qui se réduit comme une peau de chagrin, qui respire pourtant avec moi, à grand peine, ces vagues volutes  encensées et salées, intensément recommencées, je suis toujours en attente de toi.