N'est-il pas rassurant de savoir que dans un monde qui se couvre de plus en plus d'incertitudes, il existe des certitudes qui donnent des repères et qui, de surcroît, rendent prévisible le cheminement de la vie ?
Ainsi, Olivia ne pouvait-elle pas abandonner la piste qu'elle poursuivait !
Donc, car les événements des deux derniers jours viennent nourrir ce feuilleton plein de suspense, Olivia a fini par rencontrer les représentants d'un chenil qui nous avait été recommandé par un ami. Peu avant cette rencontre fatale (n'ayons pas peur des mots), Olivia avait pris rendez-vous avec une vétérinaire du quartier et s'était fait expliquer les méandres des papiers à obtenir lors de l'achat d'un chien.
Cette vétérinaire a donc tout expliqué à Olivia et en plus n'a pas fait payer sa consultation ! Evidemment aller voir son vétérinaire sans être accompagné de son animal de compagnie cela fait un peu surréaliste et ce serait comme aller voir son garagiste sans sa voiture ; du reste, septembre étant le temps des économies, on ne saurait trop conseiller aux lecteurs d'Indiablognote d'aller plus souvent voir leur garagiste sans leur voiture et ils constateront que le coût d'entretien de leur voiture diminuera sensiblement.
Donc le " vendeur " est venu avec des photos de chiots labrador sur son téléphone mobile ; bien sûr ce n'était pas les photos du chiot de 50 jours qui attend ses futurs maîtres, mais très ressemblantes. Dans ce genre de situation, on verse bien sûr un acompte. Le contrat est donc signé et le chiot, actuellement à Hyderabad, sera livré mercredi, enfin c'est ce qui est prévu.
On a aussi rencontré une jeune femme qui cherche du travail depuis un mois et qui aime s'occuper des chiens. Merci à notre chauffeur qui a trouvé cette personne qui est venue à la maison et qui est prête à s'occuper exclusivement de notre futur petit compagnon, notamment durant les premiers mois.
Je songe de mon coté à faire venir le menuisier de l'immeuble pour qu'il mette sous protection les fils électriques et les câbles internet de la salle de rédaction...
Olivia a déployé des trésors d'imagination pour me convaincre qu'avoir un chien c'était vraiment le bon choix. Après avoir tiré une première salve d'arguments fondés sur l'expérience de cet été où elle m'a dit avoir découvert que j'avais un fit avec les chiens (je n'ai pas du m'en rendre compte tout seul), elle est passée à la deuxième génération d'armes de conviction massive en attaquant le gros point faible du petit reporter que je suis : la littérature !
Connaissant mon goût pour les belles lettres et la littérature en général , elle m'a rappelé que de tout temps (enfin depuis le XIX° siècle dus-je au moins tempérer), le chien est à l'honneur dans la littérature : Lord Byron a dit de son chien Boatswain (en français Maître d'équipage) : " il est celui qui possède la beauté sans la vanité, la force sans l'insolence, le courage sans la férocité, toutes les vertus de l'homme sans ses vices ". Elle a même cité dans un grand élan lyrique Victor Hugo qui a écrit plusieurs poèmes exaltant les qualités des chiens. Et comme si cela ne suffisait pas, et internet aidant, elle a cité Croc-Blanc, Michael chien de cirque, Jerry, chien des îles de Jack London, Lassie, chien fidèle d'Eric Knight et dans les œuvres de Rudyart Kipling. Et on est allé jusqu'à Colette qui, dans un essai intitulé " Chiens sanitaires ", exalte les vertus des chiens de recherche de personnes égarées : " [...] l'espoir de la bête intelligente, du brancardier à quatre pattes qui n'a jamais peur, qui n'est jamais fatigué, qui voit et flaire à travers l'ombre... L'attente... La vie qui s'en va et, soudain l'haleine canine, le museau frais, la langue amicale qui essuie ensemble de sang et les larmes de faiblesse, - le secours, toute la chaude vie qui revient... ".
Alors que j'étais, devant ces assauts, déjà aux abois, le coup de grâce me fut donné par cette phrase déclamée avec passion : " Ami ou ennemi, le chien, compagnon de toujours, continue de peupler nos livres, reflet innocent de nos hontes, de nos misères humaines, si solitaires que, même écrites, elles ont besoin d'un compagnon à quatre pattes ". Et voilà comment on passe de l'agonie au trépas !
Et Chateaubriand il n'a rien écrit sur les chiens ???
Il ne me reste plus qu'à téléphoner à Colette pour qu'elle vienne m'installer un coffre de bois pour protéger les fils électriques et les câbles ! Du reste le destin d'un chien n'est-il pas de rester dans sa niche, et fis-je valoir (des fois on est à court d'arguments) que chien c'était l'anagramme de niche !
Olivia a également entrepris un travail de préparation psychologique auprès de notre chauffeur car inévitablement le chiot passera quelques heures dans la voiture et que notre chauffeur devra collaborer à cette œuvre humanitaire. Et vu qu'ici la polyvalence est une denrée qui n'a pas encore été importée, autant prendre les devants. Plutôt (devrais-je écrire Pluto pour ceux qui ont aimé naguère les aventures de Pluto le chien de Walt Disney ?) du genre malin, notre Santosh national a compris qu'il ne pouvait que hisser le drapeau blanc mais a tout de même demander qu'on achète une brosse, non pas pour brosser les poils de l'animal, mais pour enlever les poils qui par mégarde, ou stupide distraction animale, atterriraient sur la banquette de la voiture. On ne parle ici que d'un chien, imaginez la tête de notre chauffeur si on achetait un veau, car la banquette de veau on n'est pas sûr qu'il apprécie autant que nous...
Mais bien sûr ici en Inde, et voilà encore une certitude qui sert de repère, rien ne se passe jamais comme prévu et le chiot pourrait être livré avec retard ! De plus le calendrier n'est pas idéal car vendredi soir nous devons aller à Chennai (entres autres pour la Chennai Davis Cup, Inde-Brésil) et pas question d'emmener le chiot dans l'avion.
Dernière précision avant de conclure cet épisode, on a trouvé (enfin, Olivia...) un prénom. On est dans l'année des F, et Olivia a décidé de l'appeler Flip. Cette histoire de laisser le calendrier décider de la première lettre des noms des chiens me rappelle un ami qui travaillait chez Air France et qui avait acheté un chien au cours de l'année des R. Il avait appelé son chien Airbus ! On aurait donc pu choisir Ephémère, mais Flip a été retenu.
Olivia ne cesse de me dire qu'avoir un chien c'est vraiment une bonne idée. Ce matin, elle m'expliquait que les labradors étaient des bons nageurs et qu'ils adoraient plonger dans une piscine pour aller chercher une balle. Je me vois déjà dans la piscine de notre club parsi (le Wellingdon Club) rouge de honte devant tant d'inconvenances, rouge comme une tomate farsie !
Finalement, sans le savoir, ce labrador risque d'alimenter (autrement qu'avec des croquettes) ce blog de temps en temps et je me demande comment je n'y ai pas pensé plus tôt.
Manque de flair sans doute !