Comme à chaque rentrée scolaire, nous avons droit aux grèves et défilés habituels. Cette fois, le motif, c'est la réforme des retraites. Après tout, c'est aussi une manière de préparer nos chérubins à devenir grévistes plus tard. Bon, cette fois, une seule journée de « mobilisation » (Ils sont forts, nos syndicalistes. La « mobilisation », ce sont les journées non travaillées !) aura fait plier Nicolas Sarkozy sur plusieurs points secondaires du projet de réforme des retraites, secondaires mais dont le coût est tout de même estimé à 1 milliard d'euros par an. Le pouvoir de nuisance des manifestants a donc été de 500 à 1.000 euros par an selon qu'ils étaient 1 ou 2 millions dans la rue (en plus de l'argent que leur centrale syndicale détourne sur les fonds publics : subventions déguisées, fonctionnaires mis à disposition, etc.). Les syndicats français continuent donc à bafouer les principes démocratiques les plus élémentaires sans aucun scrupule. Ils font de la politique sans passer par les urnes, un peu comme une dictature qui suivrait un cours généralement parallèle, mais avec des croisements brutaux, au processus démocratique.
Il faut dire que le modèle social français leur offre un solide bâton pour nous battre. Le budget de la sécurité sociale, que les partenaires sociaux ont pour mission de gérer, est supérieur à celui de l'Etat français. Ces assurances prétendument privées sont en fait semi-nationalisées car les règles qui les régissent sont décidées par le pouvoir politique. Cette ambiguïté est un formidable outil d'action pour les syndicats, à peu près le seul qu'ils dominent bien aujourd'hui. Aucun des deux acteurs n'est vraiment dans son rôle, le plus brutal tente donc chaque fois de l'emporter. Une vraie simplification serait une nationalisation pure et simple, totale et sans confusion. Exit les partenaires sociaux, on remplace « prélèvements sociaux » par « prélèvements fiscaux », ce qui ne changerait rien. Soit on privatise totalement les assurances sociales et on les ouvre à la concurrence afin que chaque salarié puisse choisir celles qui lui conviennent le mieux, ce que je souhaite avec ardeur. Au final, rien n'avance (si, la dette).
La droite est archi minable jusqu'ici, mais la gauche est encore pire. Totalement irresponsables, Martine Aubry et Benoît Hamon enfoncent le clou en exigeant l'abandon pur et simple du projet, au point de faire toussoter certains socialistes plus ouverts. Moscovici, Valls ou Delanoë (qui vient de saigner l'UMP de 1.7 millions d'euros pour financer les emplois fictifs de Chirac, cette victoire vaut bien un silence courtois sur les retraites) reconnaissent sur les plateaux ou en off que cette réforme est nécessaire. Que dirait DSK, le candidat sur toutes les lèvres, s'il était là ?
En attendant, la grève reprend le 23 septembre. Peut-être qu'un durcissement de ce conflit social est souhaitable pour le mouvement libéral dans son ensemble. La droite affaiblie cèdera sans doute, mobilisant encore davantage son électorat contre elle… au profit de libéraux moins carriéristes mais plus ambitieux pour l'avenir du pays.