L

Publié le 10 septembre 2010 par Popov

"L'italienne à Alger" fait partie de ces spectacles que Rossini triomphant à la Scala ou la Fenice écrivait en quelques semaines parfois en moins d'un mois et qui sont  à la Gazza Ladra ou autre Cenerentola comme des déclinaisons d'un modèle, produits de série. Comme dans ses meilleures oeuvres, la première partie est toujours plus forte que la seconde...Que l'on songe au Barbier... Le livret  de l'Italienne est dans la mise en scène d'Andrei Serban, prétexte à humour potache, post-Savary. De l'ultra buffo avec un tyran ( Mustafa) plus proche des cheikhs saoudiens bling bling que des beys d'Alger. La mise en scène est à l'avenant, criblée d'anachronismes un peu usés (une armée de figurants culturistes pour incarner l'armée du musulman, des majorettes en rouge et vert pour figurer le nationalisme italien, un tigre et sa peau symbole de richesse usée ou fauteuil playboy en forme de lèvres pour séducteur ratatiné etc.) Tout cela prête à sourire mais c'est un peu du réchauffé. Heureusement le casting lyrique est formidable avec un Marco Vinco tonitruant dictateur pervers. On nous avait annoncé aussi une diva boréale dans le rôle de d'Isabella(Vivica Denaux moitié inuit moitié autre chose  est effectivement remarquable de sensualité), un ténor afro-américain hallucinant (Lawrence Brownlee) qui tient ses promesses.

Cornelia Onciu, servante de la belle italienne est à la hauteur comme Alessandro Corbelli en Taddeo (troisième voix) de l'"imbroglio inextricable"  conçu en deux actes par Angelo Anelli. La fin du premier acte explose en onomatopées dignes de la Cenerentola . On frôle le plaisir absolu. Mais il manque à l'ensemble un petit rien...ou un je ne sais quoi...qui ne parviennent à dissiper cette tenace impression de déjà vu. 

"L'italienne à Alger" de Gioacchino Rossini à l'Opéra Garnier. Reprise du 11 septembre au 3 octobre 2010