un jumelage durable entre bordeaux et wuhan

«Vous pensez peut-être que le sujet du développement durable est passé d’actualité après la déception du sommet de Copenhague mais je suis persuadé qu’il serait pour nous tous suicidaire de perdre de vue l’impératif écologique ».

C’est ainsi qu’Alain Juppé a débuté sa conférence sur « le développement durable face à la crise financière », cette semaine à Wuhan devant des étudiants de l’université des affaires étrangères à l’occasion de son déplacement en Chine. « Le changement doit commencer au niveau de nos comportements et des pratiques individuelles et dans ce combat, les villes sont en première ligne. Des engagements qui se mesurent à Bordeaux (Charte de l’écologie urbaine, Agenda 21, tri sélectif, politique cyclable…) comme à Wuhan, sa ville jumelle chinoise, désignée par le gouvernement comme ville pilote en matière de développement durable. Il faut dire que Wuhan a marqué son engagement écologique ces dernières années en réaménageant ses quais sur 7 km en espaces verts, zones de loisirs et équipements sportifs. La ville a également développé depuis 2008 une vaste zone d’économie circulaire. Il s’agit du plus grand parc industriel et scientifique écologique du centre de la Chine. C’est également dans ce secteur que la ville a construit sa gare LGV (Ligne Grande Vitesse) dernier cri. En service depuis 6 mois, cet équipement colossal (72 quais/90 000 passagers par jour) est équipé de 20 000 m2 de panneaux photovoltaïques sur sa toiture qui répondent à la totalité des besoins en électricité de la gare. Une réalisation qui n’est pas sans rappeler le projet bordelais de panneaux photovoltaïques sur le toit du parc des expositions. « Nous ne sommes pas aussi avancés que Wuhan dans ce domaine mais nous allons rattraper notre retard avec la modernisation de la gare St-Jean et l’arrivée de la LGV en 2015 qui mettra Bordeaux à 2h de Paris ».
Un nouveau contrat de coopération
Jumelée depuis 1998, les villes de Bordeaux et Wuhan ont signé mercredi un nouveau programme d’action triennal de coopération 2010-2012 dont le thème prioritaire est le développement durable. « La Chine a bien pris conscience que le développement durable était une nécessité. Elle s’est fixée des objectifs ambitieux et nous voulons l’aider dans le cadre de notre jumelage avec Wuhan ». A ce titre, la collaboration entre les deux villes permettra d’échanger les compétences en matière de bilan carbone, d’efficacité énergétique des bâtiments ou de dépollution de lacs. Ainsi, ce projet de réaménagement du lac de l’Est amènera le bureau de l’eau de Wuhan et l’agence de l’eau Adour-Garonne à travailler en synergie. « Nous allons apporter notre savoir faire et notre expertise pour établir un réseau de surveillance de la qualité de l’eau et faire en sorte que le lac ne soit pas à nouveau pollué », explique Marc Abadie, directeur de l’agence Adour-Garonne. Au-delà, la coopération universitaire se poursuivra entre les deux villes et de nouveaux domaines d’échanges s’ajouteront comme l’innovation sociale ou la santé. « Des opportunités pourraient notamment naître sur le Biolake, le second parc en biotechnologies de la Chine. En cours de construction, il accueillera à terme 10 000 entreprises, dont 350 étrangères, dans les domaines du biomédical, de la bioéthique et de la bioagriculture. L’objectif à l’horizon 2020 est de générer un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros ! •
Stella Dubourg,
en Chine