Le voyou
Je m’balade le soir
Au fond des vieilles ruelles
Au milieu des poubelles
Sous un grand ciel tout noir
Les deux mains dans les poches
Je parcours l’boulevard
Sifflant comme un gavroche
Ou un oiseau bavard
Tous les pauvres gamins
De mon triste quartier
Se tiennent par la main
Assis des jours entiers
Je leur dis des merveilles
Sous leur regard farouche
Un rire fend leur bouche
Des lèvres aux oreilles
Ces gosses qui ne voient
En leurs quatre saisons
Qu’un lugubre horizon
Sont pendus à ma voix
Eux qui pour jouer n’ont
Qu’un désert terrain vague
Ils rêveront qu’ils sont
Soulevés par la vague
Je leur dis que l’oiseau
Chante en do ou en si
Perché sur un roseau
Qui pousse loin d’ici
Ils n’veulent pas me croire
Et pourtant mon histoire
Je la certifie vraie
Et l’écris à la craie.
(Jean-Baptiste Besnard)
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