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La fièvre du samedi soir en banlieue bordelaise

Par Eric Bernardin

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Je voulais profiter de mon escapade bordelaise pour revoir Christian et Annie. Ils ont appelé quelques passionnés supplémentaires pour se joindre à nous, et nous avons passé ensemble un samedi soir des plus sympathiques.

L'éclectisme était le mot d'ordre de la soirée, et il fut respecté à la lettre. Tout fut servi à l'aveugle, car cela permet d'être plus objectif sur le vin que l'on a dans le verre, et surtout d'alimenter la discussion ;o)

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Nous démarrons par un "trucabulle". La robe est or pâle, et les bulles sont organisées en un fin cordon persistant. La preuve en image à votre gauche. Le nez est expressif, sur le beurre noisette, le pain grillé, le jambon fumé, mais zossi la poire Williams. L'attaque est franche, presque rude ; la matière est charnue, avec un côté prégnant et une vinosité qui va crescendo. Les bulles discrètes agacent le palais avec un doigté de professionnelle. Le tout se conclue en une finale tonique, avec juste ce qu'il faut d'astringence pour déclencher un sentiment de manque au buveur qui n'a qu'une seule envie : en reprendre une lampée. J'aime profondément la personnalité de ce champagne qui ne fait pas dans la facilité, avec un air de dire : "si j'te plais pas, j'm'en fous !". J'ai hâte de connaître le géniteur. Et c'est .... un Extra-Brut Réserve de Berèche ! Depuis le temps que j'en entends parler, je me dis que sa réputation est sacrément justifiée. Attention, chef d'oeuvre ! (acheté 18 euros en 2008).

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Le vin suivant, y a pas de doute : rien qu'au nez, on peut dire que c'est un Riesling, avec ce mélange d'encaustique, de miel, et plus étonnant, de vanille. La bouche par contre déçoit : c'est rond, aromatique, mais diablement mou. Et la finale est assez fuyante. Probablement l'âge et le millésime : c'est un Riesling Fronholz 1991 de Ostertag.

On passe ensuite à deux vins rouges...

Le premier a un nez sur des fruits chauffés au soleil, quelques épices. La bouche est ronde, souple, avec des tannins assez doux et manque singulièrement d'expressivité. C'est pas mauvais, mais pas excitant non plus. 

Le second est sur les fruits compotés, avec des notes d'évolution. La bouche est ample, élancée, avec une trame acide tonique aux accents résineux, confits ; et une finale expressive de belle longueur. J'aime bien ! Les deux sont du Languedoc. Les deux ont une dizaine d'années. Le premier est Virgile 2000 de Virgile Joly. Le deuxième est Mas Palau 1999 du Domaine de la Garance.

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Et nous repartons sur une nouvelle paire :

Le premier a un nez de Bordeaux "early matured" absolument superbe : cassis, boîte à cigare, cèdre, épices, sous bois... Par contre, la bouche fait italienne : à savoir une bouche douce, généreuse, tonifiée par une acidité vibrante que l'on ne trouve qu'au delà des Alpes. La finale qui semble alcooleuse de prime abord finit par se tempérer avec l'aération et conclure le vin avec élégance et fraîcheur.

Le deuxième a un nez de fruits confits et d'épices. La bouche d'abord douce et élégante part vite en vrille pour finir tannique et asséchante. Pas convaincu...

Le premier est un Barbera d'Asti cuvée Quorum 1998. Le deuxième est un Faugères les Bastides 2000 de JM Alquier.

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Et voilà une troisième série :

Le premier a un nez sur les baies sauvages, le cigare, le poivre. Une bouche ronde, mûre, aux tannins doux et élégants, avec une fruit un peu confit. La finale n'est pas vraiment impressionnante. C'est bon, bien fait, mais...

Le deuxième est plus puissant : un nez sur les fruits noirs bien mûrs et des épices douces. Une bouche dense, mûre, profonde, à la limité de l'onctuosité, mais équilibrée par une bonne fraîcheur. En final, ça "chauffe" un peu , malgré tout. Mais assurément un beau vin  !

Le premier est une côte rôtie Terres sombres 2004 de Cuilleron. Le deuxième est un Priorat Perinet + 2004 du Mas Perinet.


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Nous finissons par deux bouteilles non masquées qui continue à nous promener en Espagne...

Rioja Alta "Réserva 890" 1975 : nez superbe sur les fruits confits, les épices douces, le tabac "amsterdamer"... Une bouche fine, douce, élégante, aux tannins soyeux, se concluant longuement sur des notes épicées. La claaasse !

Ribera del Duero Allion 1994 : nez toasté encore dominé par l'élevage. Bouche ronde, moelleuse, au fruit intense, mais vite rattrapée par le bois et finale sur la planche... Au bout de 16 ans, c'est à se demander si ça disparaîtra jamais...

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Nous attaquons les "fromages qui puent" de Christian (y avait un américain dans l'assistance) avec de nouveau un vin espagnol 

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Jerez Amontillado 1830 "vinos viejos" de el Maestro Sierra :  couleur ambrée. Nez de folie sur la noisette et la noix grillées, les épices orientales. Bouche très ample, tendue, et parfaitement sèche. Finale très intense sur les fruits secs, cacahuète grillée incluse.

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Gewurztraminer GC Zinnkoepflé VT 2007 du domaine Klein (Raymond et Martin) : nez un peu trop gewurz à mon goût. Ca empeste la rose et le litchi. En bouche, c'est plus supportable. C'est fin, élégant, juste onctueux comme il faut,  pas trop sucré. Et surtout pas trop gewurz. Plutôt un bon vin, donc, même si je n'en achèterai probablement jamais et que je ne m'en souviendrai plus dans un mois...

Nous avons ensuite attaqué les digestifs, dont un cognac à l'âge indécent (déjà hors d'âge lorsque que Jeanne Calment a été conçue). Bon, mais pas renversant. N'est pas AE d'Or qui veut...

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Bon, pas nette-nette, la photo, mais moi non plus...

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