30 000 €. Ce sera le prix du Peugeot iOn, la voiture électrique de PSA. Si Le Figaro rappelle que ces 30 000 € (prime déduite) incluent maintenance, entretien et garantie de la batterie, le prix d’un véhicule aussi petit (4,5 mètres de long) peut surprendre.
Pour s’asseoir au volant de la dernière voiture verte de Peugeot, le consommateur devra payer une première mensualité relativement importante – 5000 € – puis 499 € par mois pendant cinq ans.
Bien sûr il faut comparer ce qui est comparable. L’écart entre le prix d’une voiture ordinaire et celui du Peugeot iOn correspond peu ou prou aux économies d’énergie réalisés grâce à la technologie verte. Autrement dit, l’achat de la nouvelle citadine est pour le consommateur d’autant plus avantageux qu’il est en temps normal un gros consommateur de carburant. A l’inverse, l’automobiliste qui n’utilise que très brièvement son véhicule ordinaire et dépense donc peu en essence n’aura pas forcément intérêt à acheter le Peugeot iOn. Or, c’est justement à un usage urbain que sont destinées les voitures électriques…
Voilà pour le calcul rationnel. Reste la psychologie du consommateur. Pour qu’un tel raisonnement tienne la route en effet, il faut partir du principe que l’automobiliste moyen raisonne en termes de « litre au cent ». L’argument de vente de Peugeot aurait alors toutes les chances de le séduire, puisque la facture énergétique du Peugeot iOn est trois fois moins élevée que pour une voiture classique (1,5 à 2 € pour 100 km contre 6 €). Mais un « gros conducteur » ne fait pas forcément confiance à l’électrique, qui pour beaucoup de gens reste une sorte de gadget. Et inversement, ceux qui n’utilisent leur voiture qu’occasionnellement, et qui donc ne dépensent pas des sommes astronomiques en carburant, ne sont pas forcément insensibles au charme particulier des voitures vertes.
Comme n’importe quelle marchandise, la voiture électrique devra affronter les habitudes du consommateur d’une part, et d’autre part cette grande loi de la consommation de masse, qui veut qu’un bien paraîsse d’autant plus avantageux que son prix est bas, même si l’achat de ce bien engage par la suite d’autres dépenses annulant l’économie réalisée. Il ne suffira donc pas aux constructeurs d’expliquer d’une manière très rationnelle que leurs voitures vertes ne reviennent pas si cher qu’on le croit : il leur faudra à la fois tordre le cou aux idées reçues et entendre les exigences du consommateur dont le comportement n’est pas toujours aussi rationnel qu’on le prétend.