Interview d'auteur : David S. Khara

Par Soukee

Souvenez-vous, il y a quelques mois... Je vous avais fait l'éloge [des] Vestiges de l'aube,
premier roman d'un auteur très prometteur, David S. Khara.

Et bien figurez-vous que j'ai eu la chance de le rencontrer cet été, lors d'une soirée  avec son éditeur (à Colomiers pour les curieux...), et tout en bavardant innocemment, de lui poser quelques questions...

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*D'où t'es venue l'idée d'une amitié entre un vampire et un humain ?

A l’origine, je souhaitais aborder une amitié complexe, improbable, entre deux hommes que tout sépare en apparence, sans forcément intégrer d’élément fantastique. Mais plus le personnage de Werner prenait corps, plus il me semblait nécessaire de lui donner une dimension surnaturelle pour accentuer son recul sur l’humanité.

En observant le personnage, son caractère, ses attitudes, il est très vite devenu évident qu’il devait être un vampire. Mais il est un homme avant tout, d’où de fréquents rappels de son passé pour mieux comprendre, non pas le vampire, mais bien l’homme  qu’il était et qu’il n’a peut-être pas cessé d’être…


*N'as-tu pas eu peur d'être noyé dans la déferlante de romans qui sortent en ce moment sur ce thème et d'être estampillé "bit lit"?

Pas l’ombre d’une seconde, pour la simple raison que j’ignorais jusqu’à l’existence de ce type de littérature, ou de cette segmentation, lors de la sortie des Vestiges.

J’ai écrit ce roman en 2003, alors que je me consacrais intégralement à mon entreprise par ailleurs. Je ne connaissais absolument rien au monde de l’édition et l’arrivée de la vague vampirique me passait au dessus de la tête. J’ai découvert Buffy l’hiver dernier et True Blood peu de temps après. Je ne connais pas les romans Twilight  et ce que j’ai vu des films me parle peu, bien que je comprenne tout à fait que l’on puisse aimer cela.

A force de nous montrer des vampires au physique d’adolescents, je trouve que l’on s’éloigne un peu de ce qui fait l’essence même du monstre mythique, mais c’est une impression très personnelle.

Je n’ai pas crains la noyade dans la mesure ou Les Vestiges de l’Aube est un roman noir plus qu’un roman fantastique et ne s’inscrit pas une seconde dans la mouvance « bit lit ».


*Pourquoi as-tu voulu ancrer ton intrigue dans l'Histoire (je pense notamment aux événements du World Trade Center et à la Guerre de Sécession)

Tu mets le doigt sur un point fondamental de ma démarche d’auteur. Autant dans Les Vestiges que dans Le Projet Bleiberg, l’Histoire est omniprésente et se répercute dans le présent.

Les sociétés actuelles ont une fâcheuse tendance à oublier les enseignements du passé et sont susceptibles d’en reproduire les pires erreurs. Parfois, j’ai l’impression que l’humanité avance sans réellement progresser ni même chercher à le faire. Les découvertes médicales et technologiques n’influent en rien sur l’intolérance, la peur de l’autre, le besoin de désigner des coupables. Les évènements de cet été ne font d’ailleurs que confirmer mes craintes.

Le Projet Bleiberg commence par une citation de Winston Churchill : « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur ». Cette phrase résume parfaitement mes intentions. Par ailleurs, je ne cherche pas à donner de leçon ou à imposer des points de vue mais j’essaye d’inviter à la réflexion. A chacun ensuite de faire son propre cheminement…


*Quel est le moment de la journée où tu préfères écrire ?

Le matin, très tôt, et l’après-midi. Je n’écris jamais en soirée ou la nuit. Les idées me viennent un peu n’importe quand, donc je les note ou je les enregistre et je les incorpore lors de ma prochaine session de travail. Je m’astreins à une discipline assez stricte lors de l’écriture d’un roman pour rester concentré sur l’univers, l’ambiance et les personnages. Un vrai travail de forçat (Rires).

*Que t'apporte l'écriture ?

La liberté, sans la moindre hésitation ! La liberté de créer des histoires et de donner vie à des personnages. J’ai travaillé de longues années dans la communication et la créativité est toujours bridée par des impératifs commerciaux. C’est une bonne école pour l’écriture, mais en terme de profondeur, c’est…limité, dirais-je. (Rires)

Comme je n’écris pas pour me psychanalyser, je prends plaisir à donner vie à des personnages souvent très éloignés de ce que je suis, et, très honnêtement, c’est passionnant. C’est un véritable exercice d’ouverture sur les autres pour comprendre et intégrer des modes de pensées différents des miens.

L’écriture me permet également de rencontrer des gens formidables, venant d’univers variés, avec qui échanger est un plaisir, qu’il s’agisse de lecteurs, auteurs, éditeurs ou libraires. La rencontre à Colomiers reste un de mes meilleurs souvenirs toutes catégories confondues.  Je suis toujours étonné et honoré que l’on consacre du temps à ma prose. J’essaye de donner du plaisir aux lecteurs, sans autre prétention que de distraire. Le succès des Vestiges m’encourage à continuer et j’en suis très heureux. Mais si un jour mes écrits devaient casser les pieds à tout le monde, je saurais arrêter ! (Rires)


*Je ne sais pas si tu as le droit de nous en dire plus, mais qu'en est-il de ton prochain roman ?

Le Projet Bleiberg est terminé depuis la fin août et la sortie officielle est programmée pour le 6 octobre 2010, donc nous y sommes presque.

Le registre est très différent des Vestiges puisqu’il s’agit d’un thriller pur et dur, là encore ancré dans l’Histoire, en l’occurrence la Seconde Guerre mondiale. C’est un roman « chorale » mettant en scène de nombreux personnages, naviguant entre notre époque et les années 1924-1945. La tentation de tout te raconter est forte, mais je dois résister ! (Rires) Je te promets beaucoup d’action, des personnages hauts en couleur, et une intrigue terriblement cruelle.


Merci beaucoup David S. Khara d'avoir répondu à mes questions !

Maintenant, il ne nous reste plus qu'à attendre impatiemment

le 6 octobre la parution du Projet Bleiberg...

Pour nous mettre en haleine, voici une bande-annonce de ce second roman