J'ai déjà vu des patients en fin de vie ne plus respirer pendant plusieurs minutes d'affilées, puis respirer brièvement et tenir ce rythme pendant des heures. En plus, généralement ces patients, ont une couleur déjà proche de celle d'un mort et dégagent souvent une odeur particulière, l'odeur de cadavre... Le moyen le plus pratique de savoir si le patient est mort ou pas est de prendre les pulsations. C'est pratique, rapide et sûr. Enfin, c'est ce que je pensais jusqu'à récemment...
Récemment, j'ai vu un patient en fin de vie décéder alors qu'il était encore relié à un monitoring. On se dit que c'est assez facile de déterminer le moment précis de la mort dans ces conditions, mais en fait ça a pas mal compliqué le travail. J'ai vu sa tension artérielle s'effondrer, sa saturation chuter, puis ne plus fonctionner du tout, mais j'ai surtout vu son coeur ralentir, ralentir et finalement continuer à avoir un rythme. Une bradycardie, mais un rythme quand même et qui n'avait visiblement pas envie de s'arrêter. Je ne savais pas trop quoi faire, mon patient était mort cliniquement, il n'avait plus de pulsations, son coeur ne battait plus, mais mon moniteur captait encore une activité électrique...C'était une AESP (activité électrique sans pouls), c'est une dissociation entre l'activité mécanique et électrique.
D'habitude c'est plutôt comme ça!
J'avais lu des truc sur l'AESP mais j'en avais jamais vraiment vu en vrai, pour moi pulsation était équivalent à rythme cardiaque et inversement.
J'ai finalement déconecté mon patient du moniteur et je l'ai poussé à la morgue...Mais ça m'a fait bizarre d'y amener quelqu'un qui avait encore un rythme cardiaque...
C'est sûr maintenant je ne ferais plus jamais de confusion entre rythme cardiaque et pulsation.