Eric Besson a bien fait de partir à Bucarest. Le Parlement européen vient de voter une résolution exigeant la suspension immédiate des expulsions de Roms. Et en France, l'actualité gouvernementale n'est pas rose. Woerth s'efface, Baroin s'exprime, Lagarde s'explique, Fillon est déjà candidat pour 2017.... et l'UMP est perquisitionnée. Funeste jeudi pour le président français.
Woerth disqualifié, Fillon déjà en campagne
Jeudi soir, François Fillon était l'invité d'honneur de l'émission « A vous de juger », présentée par l'ex-directrice de l'information de France 2 Arlette Chabot. Personne, parmi les personnalités conviées à l'émission, ne voulait débattre avec Eric Woerth du projet de réforme des retraites. Ses difficultés dans l'affaire Bettencourt n'arrangent rien. Les syndicats ont tous lancé un appel à la grève le 23 septembre prochain. A l'Elysée, on comptait sur les annonces de la veille et la résignation générale. Ce nouveau mouvement social, s'il mobilise, risque de gâcher les perspectives de gain politique que Nicolas Sarkozy espérait tirer de cette réforme.
Jeudi soir, François Fillon n'avait rien à perdre. Son départ du gouvernement en novembre devient probable. Sarkozy est agacé. En coulisses, il critique ouvertement son manque de courage, son absence médiatique - surtout pendant la « séquence sécuritaire » de l'été. n'endossant rien, toujours aux abonnés absents. Sarkozy cherche bel et bien à se débarrasser de son « premier » collaborateur. Il y a 4 mois, la voie était tracée. Eric Woerth était le candidat naturel. L'affaire Bettencourt a carbonisé durablement ce candidat fidèle.
Sur France 2, le premier ministre était serein. Il a rappelé les mêmes arguments : la gauche se trompe; les autres pays européens font pire («Je comprends que les Français n'approuvent pas de travailler plus longtemps, mais je leur demande de regarder autour d'eux»); la réforme française est raisonnable ; la crise économique a retardé la réforme mais accéléré les déficits. Face à lui, France 2 avait placé Arlette Chabot et le vieux sage Jean Boissonnat. Les questions furent gentilles, sans relance. Sur un écran géant, trois opposants - Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT) et Ségolène Royal pour le Parti Socialiste, devaient écouter mais se taire. Fillon ne voulait pas être dérangé pour son long monologue télévisuel. Dans le public, on devinait la présence d'une bonne partie du gouvernement (Christine Lagarde, Nadine Morano, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand).
Chabot tenta quelques critiques, sur la pénibilité évaluée à titre individuelle ou le sort des femmes ; Boissonnat voulait convaincre Fillon de quelques mesures comme la suspension du bouclier fiscal.
Fillon avait des réponses, préparées, à tout... ou presque. Sur le bouclier fiscal, « la question des retraites ne peut pas être financer avec des mesures qui ne sont pas durables.» Mais sur l'injustice des carrières longues (pour celles et ceux qui ont démarré leur carrière tôt), Fillon répond à côté et évacue le sujet. Quand il ment sur le caractère inédit de sa réformesur la pénibilité, personne ne conteste. Au passage, Fillon avoue un chiffre : l'avancée de Sarkozy de la veille sur la pénibilité (i.e. l'abaissement de 20 à 10% le seuil d'invalidité pour bénéficier d'une retraite anticipée) ne concernera que ... 20 000 personnes supplémentaires (en sus des 10 000 du seuil précédent).
Comme un cadeau de départ, Fillon a surtout multiplié les formules de loyauté vis-à-vis du « président de la République. » Sur le remaniement, Fillon se refuse à commenter.
Quand il quitte la salle, les membres du gouvernement s'en vont. Personne, au gouvernement, ne voulait débattre du projet. Cette émission était une mise en scène, mais pas celle que Nicolas Sarkozy attendait.
François Fillon s'est émancipé un peu plus, au grand dam de Sarkozy.
François Baroin, timide
Le même jour, François Baroin a détaillé les principales options fiscales et budgétaires du prochain projet de loi de finances pour 2011, qu'il doit présenter dans trois semaines. Bizarrement, la tonalité de son discours, telle qu'on peut la lire dans son entretien aux Echos, jeudi 9 septembre, a quelque peu changé : fin août, l'ambiance était à l'inquiétude. Nicolas Sarkozy convoquait en urgence une réunion budgétaire au Fort de Brégançon alors qu'une agence de notation avait menacé de dégrader la note de crédit de la France. Hier, Baroin semblait plus optimiste, comme son patron de président, mardi : « Le gouvernement est en train de gagner son pari sur sa politique économique et sur le respect de sa trajectoire de redressement des finances publiques ».
Que s'est-il passé ? Pas grand chose, si ce n'est que Sarkozy souhaite que la communication gouvernementale embellisse la réalité. Les éléments de langage sont rodés. Le même jour, Laurent Wauquiez et Christine Lagarde se félicitaient bruyamment des derniers chiffres du chômage (0,2% de baisse !) au second trimestre. L'INSEE notait pourtant que les créations d’emplois « sont plus faibles qu'au premier trimestre, où 35.000 postes avaient été créés ». Et que dire de ces « créations » d'emploi, pour l'essentiel portées par l'intérim ?
Pour en revenir aux annonces budgétaires, François Baroin reste cependant bien timide :
1. Il a confirmé la hausse de la TVA sur les quelques 20 millions d'abonnements « triple play » que compte le pays. Actuellement, les fournisseurs d'accès à internet peuvent facturer une TVA au taux réduit de 5,5% sur la moitié de l'abonnement mensuel (compris entre 30 et 40 euros suivant les offres et les opérateurs), en échange d'une contribution au financement du Centre National de la Cinématographie. La Commission européenne a menacé la France de sanction si elle n'alignait pas la TVA sur un taux unique.
2. Les exonérations de charges sociales pour l'emploi de salarié à domicile et les défiscalisations bénéficiant aux investissements en Outre-Mer ne seront pas affectées. En revanche, le gouvernement plafonnera les crédits d'impôt en faveur de l'investissement locatif (loi Scellier, etc) et celui en faveur du « développement durable » (sur les installations photovoltaïques en particulier) qui subira une baisse globale de 25% (800 millions sur un coût total actuel de 2,8 milliards d'euros).
3. Secoué par sa bourde il y a 10 jours quand il écriva aux parlementaires qu'il faudrait sans doute augmenter les impôts après 2012, le ministre du budget tentait, jeudi, de redresser le tir : « Nous sommes allergiques à toute augmentation d'impôts. (...) Il n'est pas question, je le répète, de hausse générale des impôts, ni aujourd'hui, ni demain. Tant que Nicolas Sarkozy sera président de la République, il n'y aura pas de hausses d'impôts. »
4. Toutes les niches fiscales ou sociales à raboter ne sont pas encore identifiées : Baroin explique notamment que « la question de la réduction d'impôt au titre des dons, qui irrigue une partie non négligeable de la politique sociale, n'est pas encore tranchée. » Autre point en suspend, le forfait social de 4% sur l'intéressement et la participation.
Sarkofrance, paradis des riches ?
Mais François Baroin a été amené à s'expliquer sur l'un des volets de l'affaire Woerth/Bettencourt : le rapport du directeur de l'IGF en juillet dernier avait pointé du doigt l'activisme de la cellule fiscale rattachée au cabinet du ministre du budget. Dans sa défense sur le traitement fiscal de Liliane Bettencourt, Eric Woerth avait menti (par omission) en expliquant qu'un ministre du budget n'intervenait pas dans les dossiers fiscaux individuels. On pouvait en effet lire dans le rapport qu'une cellule entière remontait au ministre des cas fiscaux individuels (quelques 6 400 en deux années de ministère Woerth !). Baroin a annoncé qu'elle ne serait désormais plus rattachée à son cabinet, et qu'un comité composé de magistrats serait saisi des contentieux fiscaux remontés par les élus.
Coïncidence des dates, la veille, François Fillon a fait adopter en Conseil des ministres le décret créant la fameuse commission devant plancher sur la notion de conflit d'intérêt. Cette « Commission de réflexion pour la prévention des conflits d'intérêts dans la vie publique » sera composée de trois membres, Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat, Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, et Jean-Claude Magendie, ancien premier président de la Cour d’appel de Paris.
De son côté, Christine Lagarde a confirmé, implicitement, le versement de 210 millions d'euros à Bernard Tapie. Cette somme est le solde de tout compte du règlement à l'amiable du litige entre le Crédit Lyonnais et l'homme d'affaires. Jusqu'à l'an dernier, quand cette transaction financiaro-judiciaire fut révélée, la ministre de l'économie expliquait que compte tenu du passif fiscal de Tapie, ce dernier ne toucherait que 50 à 80 millions d'euros.
Mercredi après-midi, la police est venue perquisitionner le siège de l'UMP, rue de la Boétie à Paris, à quelques centaine de mètres de l'Elysée. Elle n'a rien trouver. Il faut dire qu'elle avait prévenue de sa visite. Le parti présidentiel ne cache même pas cette faveur inédite : La police judiciaire nous avait prévenus 24h à l'avance. Les policiers n'ont rien trouvé et n'ont emporté aucune pièce : « La police judiciaire nous avait prévenu 24h00 à l'avance. Les policiers ont expertisé les documents ayant trait à la campagne présidentielle à en-tête de l'association de la campagne «Ensemble, tout est possible». Ils n'ont rien trouvé et n'ont emporté aucune pièce comme l'indique le constat que nous avons signé.» a expliqué, sans gêne, Eric Cesari, le directeur général du parti. Pour mémoire, Eric Cesari est un fidèle de Nicolas Sarkozy. Jusqu'en 2007, il était son directeur de cabinet au Conseil Général des Hauts-de-Seine, après avoir longtemps travaillé dans l'ombre de Charles Pasqua à la tête du département. Depuis 2008, il est aussi conseiller municipal de Courbevoie.
Les trois policiers présents ont fouillé pendant une heure les archives intitulées «correspondance» relatives au premier trimestre 2007. Ils cherchaient la fameuse lettre du 12 mars 2007 d'Eric Woerth à Nicolas Sarkozy lui demandant la Légion d'honneur pour Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt.
Un premier ministre déjà parti, un gouvernement à bout, des Français inquiets et révoltés.
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