Ferrari donne des consignes 11 : Le dénouement

Publié le 09 septembre 2010 par Jg56

Le Conseil Mondial du Sport Automobile, réuni mercredi à Paris, n'est pas allé plus loin que les 100000$ d'amende, infligés par les commissaires de course du GP d'Allemagne, à la Scuderia Ferrari, accusée d'avoir usé de consignes d'écurie, pour favoriser Fernando Alonso aux dépends de son coéquipier Felipe Massa.


En 2002, déjà accusée de la sorte en Autriche, l'écurie italienne n'avait écopé que d'une amende (d'un million d'euros tout de même !) profitant d'un trou dans la règlementation, désormais comblé. Cependant, un peu moins de dix ans plus tard, la Rossa est une nouvelle fois sortie plutôt victorieuse de son audience devant le CMSA, n'ayant pas subi de disqualification, perte de points ou peine avec sursis en supplément de la première amende...
« Après une analyse approfondie de tous les rapports, déclarations et documents qui ont été soumis, l’organe de jugement a décidé de confirmer la décision des commissaires sportifs d’infliger une amende de 100000$ à l'équipe Ferrari pour infraction à l’Article 39.1 du règlement sportif et d’imposer le paiement des frais engagés par la FIA. » indique la FIA dans un communiqué de presse.

L'équipe au cheval cabré s'en est bien sortie mercredi car il semble en effet qu'elle ait réussi à faire passer sa conversation radio - qui ressemblait pourtant fortement à une consigne d'équipe "habillée" - entre le pilote Felipe Massa et son ingénieur Rob Smedley pour une simple information poussant plutôt Massa à améliorer sa cadence plutôt qu'à faire ce qui a été fait, c'est à dire lâcher prise en laissant passer Alonso. « Fernando est plus rapide que toi, peux-tu confirmer que tu as bien reçu le message ? » avait-on en fait entendu dans la radio du brésilien. Ceci laisse évidemment perplexe puisque le comportement de Massa et son visage dépité sur le podium laissaient plutôt présager une consigne d'équipe...

Il est malgré tout évident que Felipe Massa était le seul maître de sa monoplace et qu'il pouvait interpréter ce message radio à sa guise. Quant à savoir si Ferrari a vraiment voulu tricher ou non, on n'aura probablement jamais de réponse, car la Scuderia a en effet et bien logiquement préféré avancer l'argument d'une "simple indication" plutôt que de parler de "consigne d'équipe". C'est donc parce que la conversation radio pouvait être interprétée librement que la FIA voudrait justement revoir cet article du règlement : « L’organe de jugement a également relevé que l’Article 39.1 du règlement sportif devrait être révisé et a décidé de renvoyer cette question devant le Formula One Sporting Working Group (groupe de travail sportif de la F1). »

Le président de la FIA en fonction depuis pratiquement un an et ex-directeur de l'équipe itaienne, Jean Todt, a estimé que les preuves étaient insuffisantes pour infliger des pénalités supplémentaires ou même des avertissements à Ferrari.
On se rappelle que le français avait justement participé à la première affaire du genre en 2002, et il était alors directeur de la Scuderia Ferrari ; c'est d'ailleurs pour cela qu'il a voulu rester en retrait de cette nouvelle affaire. Néanmoins, Todt a lâché quelques mots à la fin de la séance, mercredi. Selon lui, les débats n'ont simplement pas permis d'établir la culpabilité de l'écurie italienne dans cette histoire : « Avant d'affirmer qu'une personne est coupable, il faut être en mesure de le prouver, et à en croire tous ceux qui ont été interrogés, il ne s'agissait pas une consigne d'équipe On ne pouvait donc pas sanctionner sans preuves concrètes. » a-t-il déclaré.
Le verdict est loin de dissiper les doutes, et même s'il a participé à cela en 2002, Todt pense que des consignes ont bel et bien été données : « J'ai tendance à être d'accord avec ça. » a-t-il répondu aux journalistes. « Vous devriez interroger les gens qui ont mené les délibérations ; ici, la décision a été d'en rester à l'ordre dans lequel ils ont terminé la course. » a-t-il conclu.

Du côté des hommes de Maranello, et notamment de celui qui est à la place de directeur qu'occupait Jean Todt jusqu'en 2007, Stefano Domenicali, les sourires étaient évidemment présents sur le visages, à la sortie de l'audience : « Ferrari a pris note de la décision du CMSA de la FIA relative à l'issue du Grand Prix d'Allemagne 2010 et souhaite exprimer sa satisfaction quant à la proposition du Conseil de revoir l'article 39.1 du Règlement Sportif, à la lumière des discussions d'aujourd'hui. »