Depuis quand le Président détiendrait-il le pouvoir législatif ? Je devine la réaction des sarkolâtres : « Mitterrand a bien fait abolir la peine de mort ! ». Certes, mais il y a une différence de taille. Alors que la majorité des Français était, paraît-il, opposée à cette abolition, le candidat Mitterrand avait crânement annoncé son intention. Rien de tel ici pour Sarkozy dont on cesse de nous dire qu’il ne fait qu’appliquer son programme de candidat. J’ai beau chercher, je n’y trouve aucune allusion à une éventuelle déchéance de la nationalité. Par contre, j’y ai trouvé un engagement de ne pas modifier l’âge de départ à la retraite.
Une démocratie est fondée sur la séparation des pouvoirs. Dans la V° République, le pouvoir exécutif est confié au Président et au Gouvernement. On prétend que l’inversion du calendrier des élections législatives et présidentielle puis la réduction du mandat présidentiel à cinq ans ont donné au Président la prééminence sur le Premier ministre. Rien n’est plus faux. A ma connaissance, rien dans notre Constitution n’a modifié les attributions respectives de l’un et de l’autre. Il suffit d’une dissolution, cela s’est déjà vu, ou du décès d’un Président, c’est arrivé également, pour qu’un mandat présidentiel ne coïncide plus avec une législature. Nicolas Sarkozy s’arroge donc au sein de l’exécutif un rôle qui n’est pas le sien. Espérons qu’il le paie un jour, et le plus tôt sera le mieux.
Le pouvoir législatif est dans les mains du Parlement, qui se prononce sur des projets de loi présentées par le gouvernement ou des propositions de loi déposées par des parlementaires. Ce n’est pas assurément à un autocrate de décider seul, déchéance pour les criminels, pas de déchéance pour les polygames. Si l’on accepte ce mode de fonctionnement, autant supprimer le Parlement, les choses seront claires et on fera des économies.
Le judiciaire constitue le troisième pouvoir et là aussi, notre factotum présidentiel se permet de commenter des décisions de justice, ce qui est formellement interdit à tout citoyen et à plus forte raison au premier d’entre eux.
L’immunité accordée à un Président pendant la durée de son mandat va de pair avec la possibilité de le destituer s’il manque à ses devoirs. Quelle autorité se décidera donc à déclencher enfin le processus de salubrité publique qui s’impose ?