COURS LAPIN, ou l’art de faire dresser les poils sur les avant-bras et de donner des frissons dans le dos. L’art aussi de rester bouche-bée et seulement écouter. Cours Lapin c’est quatre compositeurs de musique de films danois, qui ont décidé de sortir un album entièrement chanté en français. FOLK et FRANCAIS? Joyce Jonathan. Aseptisé et commercial.
MAIS ATTENTION Cours Lapin est loin de ce mouvement là. Et puis comparons ce qui est comparable. Le souci, c’est que la musique de ces trois garçons et cette belle blonde ne ressemble à rien d’autre! D’abord parce que le projet n’est pas du folk à proprement parlé. C’est beaucoup plus profond, et beaucoup plus expérimental. On est loin de la simple guitare/voix et du monde ou l’acoustique est roi. Alors oui les textes sont en français, mais chanté avec cet irrésistible accent danois. Mais, Louise Alenius, Asger Baden, Peder et Jonas Struck livre un opus intemporel et irréel « un, deux, trois« . Un album de toute beauté qui baigne dans un univers sombre, poétique et romantico-mélancolique : Cours Lapin c’est Tim Burton qui rencontre Emilie Simon. La mort et l’amour sont omniprésents dans cet album à l’atmosphère à la fois intense et apaisant. Les textes racontent des petites histoires souvent tristes, sur des mélodies brutes ou sensuels.
Un, Deux, Trois ouvre l’album annonce directement la couleur : la voix fragile de Louise Alenius surprend, claironnante et haut-perchée, mais il y a dans ce timbre-là quelque chose d’hypnotique. Un peu comme la voix de Julia Stone. La belle Louise nous compte ses histoires d’amour ou de la vie sur des compositions à la rythmique sensuelle et langoureuse. Homme contre Femme, mon coup de cœur de l’album, envoûte par sa mélodie traînante, un peu jazzy. Cache Cache quant à lui, se rapproche un peu de l’univers cabaret alors que « Débutant » développe une atmosphère tendue.
La force de Cours Lapin c’est de marier les ambiances paradoxales : des textes sombres, et des mélodies accrocheuses. Cours Lapin joue avec les sentiments, Louise se livre à demi-mot. Le combo marie la musique aux bruits parasites, à la Cocorosie. On entend à côté des instruments organiques et acoustique, de subtils arrangements électro, mais aussi un plancher qui grince, un feu qui crépite ou encore une douce pluie qui tombe. « Un, deux, Trois » n’est pas l’album qu’il vous faut si vous recherchez de la pop dansante. Loin, de là. Si vous cherchez par contre une musique intense, et un univers ou la mélancolie et la poésie sont les maîtres mots, alors ruez-vous chez les disquaires le 27 septembre… Les autres : notre chouchou Julian Perretta sera quelques rayons plus loin.
Sabine Swann Bouchoul