Je suis pourtant sorti déçu d’un bon film. D’un beau film. D’un film s’attachant avec discrétion à une tragédie ayant fait grand bruit. Un film portant un regard tantôt documentaire sur le quotidien de moines en terre algérienne, tantôt lyrique sur un drame annoncé. Un film qui trouve un juste équilibre entre le rapport à la foi que pose une telle communauté et le rôle social que celle-ci a pu jouer dans cette région d’Afrique du Nord où elle avait élu domicile. Un film tout en retenu, préférant la finesse et le mystère au déploiement de violons et d’émotion, même lors de cette scène de dîner où « Le Lac des Cygnes » résonne.
Des hommes et des Dieux montre les larmes mais ne les cherche pas. Des hommes et des Dieux montre les doutes, montre la détermination, montre le courage, mais aussi l’impuissance et le dépit. Certains films sont grand d’emblée, au premier regard. Je suis sorti déçu de n’avoir pas trouvé de la grandeur lors de cette première rencontre avec le film. Mais tenté de penser que le film de Xavier Beauvois est de ceux qui grandissent en nous, en moi, avec le temps. J’aurais préféré que le destin de ces moines de Tibihirine interprétés par Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Philippe Laudenbach et les autres, m’enlace immédiatement. Mais il murira en moi, c’est certain. Des hommes et des Dieux m’a déçu, mais il n’a pas dit son dernier mot.