La déception se mesure à l’attente que l’on a d’un film, et non forcément à ses qualités réelles. J’en suis conscient en sortant du film évènement de cette rentrée, Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois. Je suis sorti déçu. Je suis sorti déçu d’un film dont la rumeur cannoise le couronnait avant l’heure. Je suis sorti déçu d’un Grand Prix qui décidément sied bien au cinéma français. Je suis sorti déçu d’une œuvre encensée et auréolée par la presse. Je suis sorti déçu de près de quatre mois d’attente. Je suis sorti déçu d’un film dont j’attendais un bouleversement.
Je suis pourtant sorti déçu d’un bon film. D’un beau film. D’un film s’attachant avec discrétion à une tragédie ayant fait grand bruit. Un film portant un regard tantôt documentaire sur le quotidien de moines en terre algérienne, tantôt lyrique sur un drame annoncé. Un film qui trouve un juste équilibre entre le rapport à la foi que pose une telle communauté et le rôle social que celle-ci a pu jouer dans cette région d’Afrique du Nord où elle avait élu domicile. Un film tout en retenu, préférant la finesse et le mystère au déploiement de violons et d’émotion, même lors de cette scène de dîner où « Le Lac des Cygnes » résonne.
Des hommes et des Dieux montre les larmes mais ne les cherche pas. Des hommes et des Dieux montre les doutes, montre la détermination, montre le courage, mais aussi l’impuissance et le dépit. Certains films sont grand d’emblée, au premier regard. Je suis sorti déçu de n’avoir pas trouvé de la grandeur lors de cette première rencontre avec le film. Mais tenté de penser que le film de Xavier Beauvois est de ceux qui grandissent en nous, en moi, avec le temps. J’aurais préféré que le destin de ces moines de Tibihirine interprétés par Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Philippe Laudenbach et les autres, m’enlace immédiatement. Mais il murira en moi, c’est certain. Des hommes et des Dieux m’a déçu, mais il n’a pas dit son dernier mot.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 10 septembre à 17:58
J'avais vu ce film en avant première cet été et l'ai revu en salle hier pour accompagner quelqu'un : la deuxième vision a été magnifique alors que je pensais m'y ennuyer. Débarrassée des problématiques politiques, en connaissance du contexte et plus en attente béate d'un quelconque miracle ou de l'extase décrit par les critiques, je suis rentrée sans doute de manière beaucoup plus innocente dans le film et là..... le "bouleversement" s'est produit : j'ai été complètement enveloppée par sa beauté et imprégnée de son message avec, à la sortie, une envie de dire merci au réalisateur ! Ce film est un film précieux, rare et fondamental ! Alors, peut-être te faut-il tenter ta deuxième chance ?