Douglas Harding, dans ses stages, racontait souvent l'hymne à la perle qui est un conte gnostique copte. Bien sûr il le racontait à sa façon en modifiant bien des aspects de l'histoire mais en gardant la trame principale : celle du fils d'un roi d'un pays lointain de l'Orient envoyé en Egypte pour retrouver une perle précieuse.
Voici cet hymne gnostique originel :
« Alors que tout petit enfant, par-delà l'Orient, notre contrée natale, je reposais au palais de mon Père dans l'opulence et le faste de mes nourriciers, mes parents m'équipèrent et m'envoyèrent au loin, et de l'abondance de leurs trésors me firent un bagage, à la fois immense et léger, de telle sorte que je puisse le porter seul. (...)
Et ils m'armèrent de diamant, auquel le fer ne résiste point, et m'ôtèrent l'habit serti de joyaux et pailleté d'or que pour l'amour de moi ils avaient confectionné, et la robe était couleur safran, spécialement faite à ma mesure.
Et ils conclurent un pacte avec moi, gravant au plus profond de mon être que je ne l'oublierais point, disant : "Si tu descends en Egypte et en rapportes la perle unique qui s'y trouve, au tréfonds de la mer, gardée par le serpent dévorateur lové autour d'elle, alors tu revêtiras de nouveau l'habit serti de joyaux et la robe sur laquelle il repose, et avec ton frère puîné tu hériteras de notre royaume."
Or donc je quittai l'Orient par une route difficile et terrifiante accompagné de deux guides, et sur ce chemin je ne fus pas mis à l'épreuve. (...)
Mais lorsque j'entrai en Egypte, les guides me quittèrent qui avaient cheminé avec moi.
Et je pris la route la plus rapide vers le serpent et sa caverne, pour attendre qu'il s'assoupisse et lui ravir la perle durant son sommeil. (...)
Et je mis le vêtement des Egyptiens afin de paraître moins étrange, de moins avoir l'air d'un homme venu d'ailleurs pour reprendre la perle ; et afin qu'ils n'éveillent pas le serpent pour le mettre en garde contre moi.
Mais, par je ne sais quelle aventure, ils en vinrent à découvrir que je n'étais point de leur pays et par quelque artifice traîtreusement concocté me firent goûter de leur nourriture ; et je ne sus plus que j'étais fils de roi et devins le laquais de leur propre monarque.
J'oubliai aussi la perle, que mes pères m'avaient envoyé quérir, et la lourdeur de leur nourriture me plongea dans un profond sommeil.
Mais lorsque ceci advint, mes pères aussi le surent et s'affligèrent pour moi, et une proclamation fut diffusée dans tout le royaume, demandant à chacun de se retrouver à nos portes.
Alors les rois de Parthie et tous ceux qui avaient une charge et les grands d'Orient édictèrent une résolution à mon sujet, disant que je ne devrais point être abandonné en Egypte, et les princes m'écrivirent pour me signifier ceci :
"De ton Père, Roi des rois, et de ta mère qui règne sur l'Orient, et de ton frère qui nous a été donné après toi ; à notre fils qui est en Egypte, paix. Lève-toi et éveille-toi de ton sommeil ; prête l'oreille aux paroles de cette lettre et souviens-toi que tu es fils de rois ; or te voilà tombé sous le joug de la servitude. Souviens-toi de la perle que tu as été envoyé quérir en Egypte. Souviens-toi de ton habit pailleté d'or et du manteau glorieux qui couvre ton épaule et dont tu dois te parer. Ton nom est écrit dans le livre de la vie, et avec ton frère tu seras dans notre royaume. (...)"
La lettre vola comme une flèche et vint se poser près de moi, devenant parole ; en la sentant me toucher et en entendant sa voix, je commençai à sortir du sommeil ; j'y posai un baiser et la lus.
Et voilà, il y était écrit ce qui avait été gravé dans mon cœur, et je me souvins sur le champ que j'étais fils de rois, et ma liberté aspira à sa nature.
Je me souvins aussi de la perle, que j'avais été envoyé quérir en Egypte, et lançai des charmes contre le terrible serpent et le terrassai en invoquant sur lui le nom de mon Père. (...)
Je me saisis de la perle et pris le chemin du retour afin de la présenter à mes pères ; je déchirai l'immonde vêtement et le laissai dans leur pays, et me mis sans attendre en route vers la lumière de ma contrée natale en Orient.
Et durant mon voyage ma lettre, celle qui m'avait éveillé, m'apparut de nouveau et, tout comme elle avait pris la parole et m'avait fait me dresser alors que je dormais, par la lumière qui en émanait me guida.
Car par moments le royal habit de soie scintillait devant mes yeux ; et de sa voix et de ses conseils, il m'encourageait aussi à hâter le pas, me conduisant et m'entraînant vers l'avant. (...)
Et quand je me déployai pour le recevoir et me parer de la splendeur de ses couleurs, je me vêtis totalement de ma royale robe à l'unique beauté.
Et voilà, lorsque je fus ainsi vêtu, je fus élevé jusqu'au siège de beauté et de gloire, et je courbai la tête et me prosternai devant la magnificence du Père qui me l'avait envoyée, car j'avais honoré ses commandements et lui tout pareillement ce qu'il avait promis.
Et aux portes de son palais qui fut de tout temps, je me mêlai à ses nobles, et il se réjouit de me voir et me reçut auprès de lui en son palais, là où tous ses serviteurs le louent d'une voix douce. (...) » (traduit de l'anglais par V.Massin)
Cet hymne parle de nous bien sur. Nous sommes ce fils de roi (le Soi) destiné à être roi mais qui a oublié sa race royale et se prend pour un égyptien (je me prend pour un homme, un corps et un mental). Mais nous pouvons nous ressouvenir de la perle et la voler au dragon (notre mental, nos peurs). Alors nous retrouvons notre patrie et notre royauté (nous nous éveillons à celui que nous sommes vraiment).
Aurons-nous assez d'audace pour récupérer la perle ?
Où est-elle?
Je suggère qu'elle est juste au-dessus de vos épaules, immense et transparente, n'attendant de votre part qu'un regard...
Et voici la version de Douglas