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Cent ans de Mémoires et documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur : 1831-1931
Pont Mirabeau / Nadar, photogr.
Source : Gallica / Ecole nationale des Ponts et chaussées
De création plus tardive que ses homologues de l’École polytechnique ou de l’École des Mines (dont les publications paraissent dès 1794), la revue des Annales des Ponts et Chaussées (1831) doit sa paternité à la fois à l’administration centrale des ponts et chaussées et des mines, à cette époque représentée par son Directeur général Auguste-Simon-Louis Bérard, et à l’Ecole des Ponts et chaussées elle-même, dirigée alors par Riche de Prony : la commission qu’il préside et anime de février à avril 1831 détermine le profil de cette publication centrée sur « les études et les faits qui intéressent la théorie ou la pratique de l’art des constructions » mais aussi « les notions administratives nécessaires à la profession d’ingénieur » (Prospectus de lancement des Annales des Ponts et Chaussées, 1830).
Cette double dimension, scientifique et administrative, traduit la spécificité de l’ingénieur des Ponts et chaussées, à la fois homme de l’art et agent de l’Etat. Sous la Monarchie de Juillet en particulier, l’art de bâtir constitue un enjeu autant scientifique qu’économique (mauvais état des routes françaises, difficile mise en œuvre du plan Becquey de canaux) et politique (aménagement du territoire).
Gallica a privilégié, pour ce premier plan de numérisation, le volet scientifique des Annales des Ponts et Chaussées : les Mémoires et documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur pour les périodes 1831-1896 et 1897-1931. La commission des Annales prévoit, dès l’origine, la reproduction des dessins proposés par les auteurs : ces planches gravées céderont le pas à la photogravure à partir de 1897. Le tirage se stabilise au fil du siècle autour de 1 800 exemplaires, 400 étant destinés à l’étranger.
[Annales des ponts et chaussées. 1906, tome 24]
Si les plus illustres ingénieurs français apportent, au fil des livraisons, leur contribution déterminante sur tous les aspects des matériaux et des procédés de construction - routes, ponts, viaducs, travaux maritimes, navigation intérieure, etc. -, c’est un Anglais, Henry Booth, ingénieur et homme d’affaires, qui ouvre le premier numéro des Annales avec une notice, traduite en français, sur la ligne de chemin de fer Liverpool – Manchester.
Réalisé en étroite collaboration avec la bibliothèque de l’École des Ponts et chaussées, ce corpus numérisé permet aux Annales de renouer avec leurs lecteurs : beaucoup des fascicules conservés par la Bibliothèque nationale de France n’étaient plus, en raison de leur état, communicables ces dernières années.
Cet ensemble vient en outre compléter une série déjà disponible dans Gallica de périodiques techniques du XIXème siècle et constituée notamment par le Journal de l’École polytechnique (1794-1938), le Bulletin de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (1802-1943) numérisé par le Conservatoire numérique des Arts et métiers qui propose, aussi et entre autres, les Mémoires de la Société des ingénieurs civils (1848-1965). Bientôt ce sont les publications des Mines, le Journal (1794-1815) puis les Annales (1916-1826), qui rejoindront Gallica grâce au partenariat entre la bibliothèque de l’École nationale supérieure des Mines de Paris et la Bibliothèque nationale de France.
Billet rédigé avec la collaboration de Catherine Masteau, responsable du fonds ancien de la bibliothèque de l’École nationale des Ponts et chaussées.
Pour approfondir :- Jean Michel, « Les Annales des Ponts et chaussées : deux moments essentiels de leur histoire », Annales des Ponts et chaussées, n°19, 3ème trimestre 1981, pp. 7-15.
- Nathalie Montel, « Mettre en revue les savoirs de l’ingénieur d’État au XIXe siècle. La création des Annales des ponts et chaussées en 1831 », Sciences de la société, n°67, février 2006, pp. 17-30.