Dans la revue Nature, Daniel Pauly remet en cause la certification du Marine Stewardship Council (MSC, fondé en 1997 par le WWF et Unilever) concernant la pêche « durable ». Selon lui et cinq de ses collègues, ce label n’assure point la pérennité de la ressource exploitée.
Ce label, comme celui du Forest Stewardship Council (FSC, pour le bois), surfe sur la vague de la certification des entreprises qui exploitent les ressources alimentant l’économie mondiale, notamment celle des pays industrialisés. Son référentiel comporte 31 indicateurs, mais leur mise en œuvre ne semble pas suffisante pour assurer la capacité de la ressource à se renouveler. Ces critiques sont d’ailleurs partagées par certaines organisations protectrices de l’environnement comme Greenpeace.
Cela soulève deux questions :
- Faut-il introduire un label a minima, quitte à le faire évoluer, afin de permettre une prise de conscience, ou faut-il obligatoirement imposer des règles strictes, mais dont l’appropriation par les acteurs économiques est plus que hasardeuse ?
- La « durabilité » de l’exploitation d’une ressource dépend-elle uniquement de sa capacité à se renouveler ? Est-elle un compromis, ou doit-elle répondre être « parfaite » dans l’ensemble des domaines du développement durable ?
La réponse à la première question est évidemment à corréler avec la distinction entre les ultras de la protection environnementale et les pragmatico-environnementaux. Sans nature, la vie humaine est impossible, mais la protection à l’extrême de l’environnement conduit à de très fortes restrictions sur la présence de l’espèce humaine sur la planète. Si cela peut relever d’un choix, il faut en accepter les conséquences et les afficher.
Mais au-delà de ces conséquences, l’intérêt des acteurs économique n’est pas dans la préservation de la planète, mais dans leur développement. De ce fait, les contraintes qu’ils acceptent de s’imposer sont celles qui n’impactent que marginalement leur activité. Et les états, veillant surtout à leurs intérêt économique ne réussissent pas encore à s’entendre sur des objectifs autres.
Dans le cas de l’exploitation des ressources naturelles, même les états producteurs ont du mal à tenir une position « durable », car elles sont une source de financement importante, même si elle risque d’être limitée dans le temps.
A la seconde question, la « durabilité » concerne autant le mode d’exploitation et ses diverses incidences que la capacité du stock exploité à se renouveler (dans le cas des ressources renouvelables). En effet, l’impact de certains modes de pêche concerne parfois plus d’autres espèces que l’espèce visée : le chalutage de fond peut abimer les coraux, de manière générale le chalutage n’est pas sélectif …
L’objectif du développement durable est de concilier l’ensemble des domaines, notamment sociaux, environnementaux et économiques. Toute conciliation induit généralement un compromis, il apparaît donc illusoire d’espérer atteindre une solution « parfaite » sur l’ensemble des approches.