La résolution adoptée à Strasbourg épingle la récente réunion sur l’immigration et la libre circulation organisée à Paris à l’initiative du gouvernement français sur des sujets qu’elle estime “de la compétence de l’UE“. Elle formalise surtout les réelles préoccupations des parlementaires européens à l’égard d’un populisme qui gagne le continent et s’étend désormais à la patrie de Jean Monnet et des droits de l’homme.
Le texte est sans ambiguïté lorsqu’il précise que le Parlement “s’inquiète vivement de la rhétorique provocatrice et ouvertement discriminatoire qui a marqué le discours politique au cours des opérations de renvoi des Roms dans leur pays“.
La crainte des eurodéputés est que celui-ci “donne de la crédibilité à des propos racistes et aux agissements de groupes d’extrême droite”.
Le texte considère que l’attitude française contrevient aux droits fondamentaux qui constituent le socle de l’UE. ”Le droit de tous les citoyens de l’Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner librement dans toute l’Union constitue un pilier de la citoyenneté de l’Union telle qu’elle est définie par les traités”, est-il notamment écrit.
L’exaspération des eurodéputés se manifeste dans la droite ligne d’un article au vitriol d’El Pais qui étrille très vivement José Manuel Barroso pour la mollesse de sa réprimande de l’attitude de la France vis-à-vis des Roms.
“Il est affligeant que Paris marque l’occasion en violant les droits de la minorité rom. Mais il l’est encore plus que la Commission, gardienne légale des traités, réduise l’obligation de les respecter à une simple rhétorique. L’admonestation adressée hier à la France par le Parlement européen, approuvée par tous à l’exception du PP et d’une centaine de députés, ne contrebalance pas l’indifférence générale des institutions et des responsables de l’UE devant une situation lamentable” estime El País.
Mais la leçon espagnole ne s’arrête pas là. “En plus d’enfreindre la Constitution française, l’expulsion des Roms ordonnée par Nicolas Sarkozy (8 000 ont été renvoyés depuis le début de l’année) viole une demi-douzaine d’articles de la nouvelle Charte européenne des droits fondamentaux. Notamment le 19e, qui interdit les “expulsions collectives”, le 22e, qui oblige à respecter la “diversité culturelle”, et le 45e, qui défend le “droit de circuler et de séjourner librement sur le territoire des Etats membres”. Cette Charte n’est pas seulement contraignante pour les institutions communautaires, mais aussi pour “les Etats membres lorsqu’ils mettent en œuvre le droit de l’Union“.
Le parlement européen aura donc suivi l”argumentation développée par le quotidien ibérique notamment lorsque celui-ci demandait à l’UE d’agir. “La libre circulation des Roms n’est pas un privilège susceptible d’être accordé ou refusé selon le caprice d’un chef d’Etat, mais relève du pur droit commun. L’exécutif communautaire est donc contraint d’ouvrir une enquête sur l’action de la France et de prendre les mesures qui s’imposeront.“
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