J'ai rencontré Bernard Tapie une fois dans ma vie. C'était à Louviers, à l'usine Wonder. Tapie rachetait les entreprises en difficulté à vil prix et réussissait, par son bagout et son culot, à se faire admettre dans le cénacle des chefs d'entreprises modernes. A Louviers, il était venu raconter des histoires aux salariés et leur promettre monts et merveilles. On allait voir ce qu'on allait voir avec une nouvelle pile miraculeuse… on a vu, en effet. Quelques mois après, les ouvriers de Wonder étaient en majorité licenciés et laissés sur le carreau. Comme ceux de look ! Comme ceux de la Vie Claire ! Et l'affaire VA-OM n'était pas encore passée par là. Tapie n'était autre qu'un bonimenteur fleurant les bonnes affaires. Les salariés ? Il n'en avait rien à faire. Ce qui comptait : l'argent, le sale argent. J'ai donc le souvenir d'un « m'as-tu vu » sans scrupule et sans limite.
Que Jean-Michel Baylet, président du PRG, fasse du chantage à l'égard du PS avec ce candidat-là (1) est plutôt troublant. Tapie a soutenu Sarkozy en 2007, Largarde le lui a bien rendu en créant une commission d'arbitrage ad hoc et en pompant l'argent des contribuables en faveur du propriétaire du Phocéa. Comment les radicaux de Gauche pourraient-ils être tentés de faire reprendre du service à celui a voulu nous faire croire qu'il jouait les Robin des bois des années 2000. Alors qu'il s'en mettait plein les poches.
François Loncle, depuis des mois, tente vainement de faire rendre publiques les auditions de Bernard Tapie devant les parlementaires. Ce rapport nous éclairerait sur les réponses de Tapie et sur les remarques des députés. Ni Didier Migaud, ni Jérôme Cahuzac (pourtant PS) présidents de la commission des finances ne lui ont donné satisfaction. Troublant, regrettable, affligeant. François Loncle doit poursuivre ses efforts.
(1) Au cas où le PS ne satisferait pas certaines conditions imposées par Baylet pour la désignation d'un candidat commun, il menace de présenter Tapie à la présidentielle.