Bancassurance : qui a tracé les contours du monstre ?

Publié le 09 septembre 2010 par Lecriducontribuable
Paradoxalement, la stratégie des entreprises échappe presque complètement aux entreprises. La majeure part de leurs décisions stratégiques sont en effet dictées par la législation ou par la prédominance de l’Etat dans tous les domaines ; les différenciations entre entreprises privées à l’intérieur d’un même secteur économique portant conséquemment sur des détails toujours plus secondaires. Les secteurs de la banque et de l’assurance, et leur fusion actuelle en un nouveau secteur dit de « bancassurance », illustrent bien l’influence considérable exercée par l’Etat sur l’économie. Ces deux secteurs qui paraissent éminemment capitalistiques (c’est-à-dire exigeant beaucoup de capitaux) et capitalistes (désignant péjorativement la passion du fric et le mépris de l’univers) ne sont finalement qu’un jouet aux mains de pouvoirs publics capricieux et inconséquents. L’assurance est la plus noble des activités. Avancer couvert est tout ce qui manque à l’homme préhistorique. L’enfant s’aventure et explore d’autant plus volontiers qu’il se sait protégé. Et le risque s’évalue toujours à l’aune de la confiance placée dans le matelas. L’assurance a ainsi joué un rôle majeur dans le développement du commerce maritime et donc incidemment dans la diffusion des innovations. La banque est elle aussi la plus noble des activités : la valeur…, la mesure de la valeur…, l’échange… Placer, investir, transformer la confiance en crédit à l’investissement…, faire travailler l’argent… La question de savoir ce qui, outre leur noblesse commune, et aujourd’hui — qu’on me pardonne — la quantité d’argent brassé inutilement, justifie de réunir et marier ces deux activités trouve une réponse diablement triste : la fiscalité avantageuse de produits assurantiels devenus produits d’épargne dont le contenu même est inévitablement décrété par la législation fiscale. C’est diablement triste et même littéralement ignoble. Entendons-nous bien, je ne conteste pas la liberté de tous et de chacun de former les conglomérats de son choix. C’est même la liberté élémentaire de tout entrepreneur d’associer les activités selon son gré au mépris des corporatismes. Un éleveur de bétail pour la boucherie ou la laiterie peut ainsi ne faire qu’un avec un fabricant de chaussure et utiliser alors en circuit court le cuir de ses bovins. Mais parlera-t-on pour autant du chaussélevage comme d’un secteur économique à part entière ? D’autant qu’un circuit court et fermé à l’intérieur d’un même centre de profit supprime l’information du prix et de la qualité et entame la liberté de choix des deux activités prises à part. Les débouchés seront probablement achetés moins chers à l’éleveur, et les fournitures pour le chausseur verront probablement leur qualité baisser. La banque et l’assurance sont d’autant plus contraintes de faire alliance que toutes les autres directions dans lesquelles elles pourraient chacune se développer leur sont interdites par la loi, ou parce qu’elles sont occupées par la puissance publique et alimentées par l’impôt. L’alliance des assureurs avec les pompiers va beaucoup plus de soi que celle des assureurs avec les banquiers. Les secours-pompiers, la protection civile ou la prévention des accidents domestiques, sont trois domaines qui gagneraient sans doute à être investis par l’assurance, pour être mieux capitalisés, pour s’enrichir d’innovations concurrentielles et même pour permettre aux pompiers prenant de l’âge et attendant la retraite de se recycler dans des travaux de bureau. On peut même rêver d’une marque d’assurance souhaitant s’offrir une belle façade internationale qui trouverait un intérêt publicitaire à organiser un « rescue pole » développant du matériel et des techniques capables d’intervenir partout sur le globe en cas de tremblements de terre, glissements de terrains, éruptions volcaniques et autres catastrophes. Ne faisons qu’évoquer enfin, tant le sujet est vaste, tout ce qui est couverture maladie, assurance retraite ou secours mutuel, confiés pour la plus large part à des organismes d’Etat, et qui devraient être le métier de base de l’assureur. Comme le métier de base du banquier devrait être d’émettre de la monnaie, non pas seulement en accordant des crédits à des taux déterminés par des banques centrales. Rappelons au lecteur dubitatif que le free banking a régi la banque écossaise de 1716 à 1843, jusqu’à sa nationalisation par la banque d’Angleterre, et que jusqu’en 1914 il était encore la norme au Portugal, en Espagne, en Allemagne et en Italie. Tels qui se prennent pour d’enragés capitalistes ne sont au final que de vulgaires rats de laboratoire, possiblement enragés, emprisonnés dans un dédale variable dont les grilles sont levées ou baissées par des bureaucrates obéissant à des lubies imbéciles. Tous, probablement subjugués par leurs propres actions, dont les spécificités sont pourtant toujours plus marginales, se croient libres. Et ils ne s’étonnent pas d’avancer tous vers un même but : la bancassurance. Olivier Méresse

Paradoxalement, la stratégie des entreprises échappe presque complètement aux entreprises.

La majeure part de leurs décisions stratégiques est en effet dictée par la législation ou par la prédominance de l’Etat dans tous les domaines ; les différenciations entre entreprises privées à l’intérieur d’un même secteur économique portant conséquemment sur des détails toujours plus secondaires. Les secteurs de la banque et de l’assurance, et leur fusion actuelle en un nouveau secteur dit de « bancassurance », illustrent bien l’influence considérable exercée par l’Etat sur l’économie. Ces deux secteurs qui paraissent éminemment capitalistiques (c’est-à-dire exigeant beaucoup de capitaux) et capitalistes (désignant péjorativement la passion du fric et le mépris de l’univers) ne sont finalement qu’un jouet aux mains de pouvoirs publics capricieux et inconséquents.

L’assurance est la plus noble des activités. Avancer couvert est tout ce qui manque à l’homme préhistorique. L’enfant s’aventure et explore d’autant plus volontiers qu’il se sait protégé. Et le risque s’évalue toujours à l’aune de la confiance placée dans le matelas.

L’assurance a ainsi joué un rôle majeur dans le développement du commerce maritime et donc incidemment dans la diffusion des innovations.

La banque est elle aussi la plus noble des activités : la valeur…, la mesure de la valeur…, l’échange… Placer, investir, transformer la confiance en crédit à l’investissement…, faire travailler l’argent…

La question de savoir ce qui, outre leur noblesse commune, et aujourd’hui — qu’on me pardonne — la quantité d’argent brassé inutilement, justifie de réunir et marier ces deux activités trouve une réponse diablement triste : la fiscalité avantageuse de produits assurantiels devenus produits d’épargne dont le contenu même est inévitablement décrété par la législation fiscale.

C’est diablement triste et même littéralement ignoble. Entendons-nous bien, je ne conteste pas la liberté de tous et de chacun de former les conglomérats de son choix. C’est même la liberté élémentaire de tout entrepreneur d’associer les activités selon son gré au mépris des corporatismes. Un éleveur de bétail pour la boucherie ou la laiterie peut ainsi ne faire qu’un avec un fabricant de chaussure et utiliser alors en circuit court le cuir de ses bovins. Mais parlera-t-on pour autant du chaussélevage comme d’un secteur économique à part entière ?

D’autant qu’un circuit court et fermé à l’intérieur d’un même centre de profit supprime l’information du prix et de la qualité et entame la liberté de choix des deux activités prises à part. Les débouchés seront probablement achetés moins chers à l’éleveur, et les fournitures pour le chausseur verront probablement leur qualité baisser.

La banque et l’assurance sont d’autant plus contraintes de faire alliance que toutes les autres directions dans lesquelles elles pourraient chacune se développer leur sont interdites par la loi, ou parce qu’elles sont occupées par la puissance publique et alimentées par l’impôt.

L’alliance des assureurs avec les pompiers va beaucoup plus de soi que celle des assureurs avec les banquiers. Les secours-pompiers, la protection civile ou la prévention des accidents domestiques, sont trois domaines qui gagneraient sans doute à être investis par l’assurance, pour être mieux capitalisés, pour s’enrichir d’innovations concurrentielles et même pour permettre aux pompiers prenant de l’âge et attendant la retraite de se recycler dans des travaux de bureau. On peut même rêver d’une marque d’assurance souhaitant s’offrir une belle façade internationale qui trouverait un intérêt publicitaire à organiser un « rescue pole«  développant du matériel et des techniques capables d’intervenir partout sur le globe en cas de tremblements de terre, glissements de terrains, éruptions volcaniques et autres catastrophes. Ne faisons qu’évoquer enfin, tant le sujet est vaste, tout ce qui est couverture maladie, assurance retraite ou secours mutuel, confiés pour la plus large part à des organismes d’Etat, et qui devraient être le métier de base de l’assureur.

Comme le métier de base du banquier devrait être d’émettre de la monnaie, non pas seulement en accordant des crédits à des taux déterminés par des banques centrales.

Rappelons au lecteur dubitatif que le free banking a régi la banque écossaise de 1716 à 1843, jusqu’à sa nationalisation par la banque d’Angleterre, et que jusqu’en 1914 il était encore la norme au Portugal, en Espagne, en Allemagne et en Italie.

Tels qui se prennent pour d’enragés capitalistes ne sont au final que de vulgaires rats de laboratoire, possiblement enragés, emprisonnés dans un dédale variable dont les grilles sont levées ou baissées par des bureaucrates obéissant à des lubies imbéciles. Tous, probablement subjugués par leurs propres actions, dont les spécificités sont pourtant toujours plus marginales, se croient libres. Et ils ne s’étonnent pas d’avancer tous vers un même but : la bancassurance.

Olivier Méresse