Iolani est le nom d’un grand-prêtre de Tahiti tout-puissant sur cette île avant l’arrivée des Européens. Il vient d’avoir un enfant de Idia, la jeune femme qui l’aime mais qui s’est enfuie loin de son autorité, refusant ainsi la coutume qui veut que le premier né d’une femme soit offert en sacrifice aux dieux des ancêtres. Elle est accompagnée de la douce Aimata, une jeune orpheline qu’elle a élevée.. Iolani, ainsi offensé, ivre de vengeance, les poursuit obstinément durant tout le récit, n’hésitant pas à déclencher une guerre cruelle contre un des rois de cette île divisée en clans, qui, tombé amoureux de la jeune Aimata, les protège désormais. Iolani est cruel et ne craint que l’homme sauvage qui lui apparaît une nuit d’orage, en plein cœur d’une forêt isolée. Cet homme a sombré dans la démence après avoir tout perdu, sa femme, sa richesse et son pouvoir, à cause de la trahison de Iolani, son ancien ami . Il a recueilli le nouveau-né abandonné dans la forêt. Après bien des péripéties, cet homme sauvage sera aussi le châtiment du grand prêtre.
Dans cette nature si belle, le mal et le bien s'affrontent tout au long du roman. Les victimes en sont les êtres les plus faibles, les femmes et les enfants. L’île est aux mains des guerriers et des prêtres, de la violence et des superstitions, des maléfices de Tahiti, mais l’amour l’emporte. Il reste plus fort que tout!
Selon Ira B. Nadel qui a écrit une postface très intéressante, Collins s’est essentiellement servi des travaux de William Ellis (1794-1872), un prêtre missionnaire qui a vécu six ans dans les îles du Pacifique. Il y a puisé aussi bien l’intrigue que les personnages y ajoutant ensuite son goût pour le roman gothique et sa fascination pour l’exotisme. Son but est de dénoncer les mauvais traitements infligés aux femmes, ce qu’il condamnera toujours par la suite dans ses autres romans. Idia et Aimata, apparaissent comme le contraire de la femme tahitienne traditionnelle, soumise et malléable comme on la présentait alors. Idia surtout est énergique et active, préférant mourir plutôt que de se soumettre, prête à tout pour sauver son enfant !
La poursuite et la capture des deux femmes et de l’enfant par le prêtre démoniaque créent un sentiment d’effroi et de terreur d’autant plus que l’action se déroule dans une nature d’une beauté et d’une puissance quasi surnaturelle tandis que les poursuivants ont recours à tous les moyens de la magie et de la sorcellerie pour piéger leurs proies.
« Traitant de l’abus de pouvoir, le roman inaugure la critique de l’autorité corrompue et de l’oppression de l’individu, thème que Collins reprendra tout au long de sa vie. Même s’il s’agit d’une œuvre de jeunesse, Iolani contient en germe tous les ingrédients des œuvres postérieures de Collins »
Dire que j’ai aimé ce roman serait exagéré. J’ai été déconcertée par un récit un peu trop lent à mon goût où le narrateur s’interrompt parfois pour revenir en arrière ou suivre un autre personnage. Il nous avertit alors de ses intentions, un peu à la façon d’un conteur populaire. Je ne suis pas non plus une adepte des trop longues et trop nombreuses descriptions, même si les lieux sont paradisiaques, comme ici. Le seul véritable intérêt de la lecture de ce roman aura été pour moi de mieux connaître l’auteur dont je n’ai lu encore qu’un seul livre: "Cache-cache"
Merci à BOB et aux éditions du Masque
Iolani, ou les maléfices de Tahiti de Wilkie Collins ; traduit de l'anglais par Julien Retaillaud. - Paris : Éd. du Masque, 2004. -231 p. ; 22 cm. - (Labyrinthes). Postface de Ira B. Nadel
Titre original : Tahiti, as it was. A Romance. Tahiti telle qu'elle fut