Les membres de l’Arche de Zoé ont été condamnés à 8 ans de travaux forcés pour leur opération autoqualifiée de sauvetage des enfants orphelins du Darfour, qui n’étaient en fait ni orphelins ni du Darfour. Qu’ils soient condamnés ne me choque pas outre mesure, qu’il le soit de manière uniforme nettement plus.
J’ai la sensation que certaines personnes de cette association étaient animées d’une réelle bonne foi, qu’elles se sont simplement laissées séduire et manipuler par la folie, certainement également généreuse mais aussi totalement démagogique, d’Eric Breteau, fondateur de cette association. Il me parait impensable de condamner à la même peine Mr Breteau et le logisticien, ou l’infirmière. La différence de réaction à l’annonce du verdict est également très révélatrice : tous s’effondrent sauf Mr Breteau qui reste très calme et allume une cigarette. Il ne s’agit pas de l’accabler, simplement de hiérarchiser les responsabilités, souci élémentaire d’une justice équitable manifestement oublié par les autorités tchadiennes, qui ont certainement appuyé fortement de toute leur influence sur ce jugement.
Un autre point me surprend encore davantage. Le pays du Tchad tout entier s’est ému et révolté, s’indignant du traitement réservé à ces enfants arrachés à leur famille. Et qui peut leur en vouloir d’une telle réaction ? Personne évidemment… si ce n’est que les enfants n’ont toujours pas été rendus à leur famille ! Juste choquant !
Je crains que finalement, l’atteinte à la fierté du peuple du Tchad, qui a vécu cette tentative d’enlèvement comme un retour à la colonisation et une insulte à son identité, n’ait davantage motivé toute cette affaire que le réel souci des enfants, bien malmenés par tout le monde.