Donc, on sentait en Seine Saint Denis, quand on habitait les groupes de tours ou les grandes barres une évolution sensible du niveau social des locataires. Les Français moyens, quittant des locaux qui ne leur convenaient plus, remplacés dans les années 1980 par des gens beaucoup plus modestes, travailleurs africains et du Maghreb (du Mali, en ce qui concernait Montreuil).
À cette période, je n'ai jamais entendu de récriminations, la coexistence entre toutes les classes sociales et les origines se passant plutôt bien dans une atmosphère de tolérance et de respect mutuel. Les cités que j'ai connues n'avaient strictement rien à voir avec les ghettos de maintenant. La mixité sociale qui régnait garantissait, à mon sens, une cohésion que je n'ai plus jamais observée.
Et puis vinrent deux évènements qui firent basculer cette relative paix civile.
1) Le chômage : les pères de familles perdirent peu à peu leurs emplois, leurs enfants n'en trouvèrent plus entraînant une concentration de la pauvreté sur laquelle je reviendrai. On ne répètera JAMAIS assez qu'en Seine Saint Denis, le chômage, la misère sociale et les lacunes de l'enseignement scolaire sont les principaux ferments d'une situation sociale désastreuse !
Selon moi, l'origine étrangère et la religion n'ont pas grand chose à voir avec les rares troubles occasionnés. Je vous garantis, que des citoyens moyens, comme vous ; vivant dans les mêmes conditions de précarité, avec les mêmes absences de perspectives, sans cesse contrôlés par des flics, dans un cadre extérieur lugubre, confinés dans des espaces où les parties communes sont en ruines alors que les logements sont coquets ; pèteront immanquablement les plombs !
2) la ghettoïsation : de plus en plus rapidement, ces cités devinrent des sortes de réceptacles pour les plus humbles. Sans travail pour beaucoup, Parlant mal le Français pour d'autres. Certains jeunes s'essayant à divers trafic pour se payer ce que la société de consommation leur faisait miroiter. Les parents, dépassés, finissaient parfois par dépendre matériellement de leurs enfants, ce qui introduisait de leur part une certaine soumission. L'insécurité qui en découla faisant fuir les derniers habitants originels. L'entretien des immeubles fut ainsi complètement abandonné.
Ainsi, en est on arrivé, à cause de l'irresponsabilité complète des autorités et des municipalités, laissant s'établir ces lieux de concentration de la pauvreté qui conduisent fatalement à une certaine violence, à l'explosion des communautarismes, à l'impossibilité de se sortir socialement du carcan de l'échec scolaire et enfin à un repliement sur soi, facteur d'inégalités et de stagnation.
Tout ceci pour montrer que l'établissement d'une politique sécuritaire et répressive à courte vue en temps que solutions aux problèmes des banlieues est une absurdité totale. La solution se trouvant dans la résorption du chômage, un solide suivi scolaire et surtout dans la déconcentration des ghettos par une application sévère de la Loi SRU imposant à toutes les communes un quota de 20 % de logements sociaux.
Ce n'est pas en incisant le bubon qu'on guérit de la peste.
Mais ces réflexions ne sont que des ratiocinations d'un petit banlieusard de Seine Saint Denis à moitié inculte...
Lundi prochain, une joyeuse "déconnade", pour changer...
À après. Lisez et portez vous bien !