L'expo est splendide, très bien organisée et finement pensée. Je la recommande vivement car il n'est pas courant de voir autant d'oeuvres de cet artiste trop peu connu du public. Le week-end du 23 au 26 septembre s'annonce d'ailleurs comme un moment fort et dense, au vu des nombreuses interventions qui sont organisées. Ci-dessous "Et la cathédrale de Strabourg" (1975, huile sur toile)
Un américain à Colmar
Le Musée Unterlinden de Colmar présente jusqu’au 31 octobre prochain la rétrospective « Joe Downing, Un américain en France ». Construite essentiellement à partir des œuvres issues de la collection du musée mais aussi de prêts, l’exposition apporte un éclairage très intéressant au travers d’un parcours construit avec intelligence et finesse, portant un éclairage précis sur celui qui fut l’un des grands représentants de l’abstraction lyrique. Couvrant une cinquantaine d’années et soulignant les tournants essentiels d’un travail marqué par une exploration de la couleur et de la lumière, cette exposition est un véritable régal pour le regard et l’esprit. Le musée organise par ailleurs des temps forts autour de cette exposition, le week-end du 23 au 26 septembre.
Le parcours de l’exposition suit une organisation chronologique et permet d’appréhender l’ensemble du parcours de Joe Downing. Elle démarre au début des années cinquante par les premières huiles sur des cartons de stencils que l’artiste récupérait pour en faire ses supports. Ses premières peintures sont encore figuratives, mais on sent déjà chez l’artiste le besoin de l’exploration de la matière. Il produit aussi une série de collages et d’agrafages, qui, exposés en 1955, le feront connaître par son apport à l’abstraction. A cette époque il se tourne aussi vers la peinture sur toile, qu’il travaille horizontalement au couteau, au rasoir ou au doigt. Ses travaux sont fortement inspirés des vitraux des cathédrales, par la richesse et l’harmonie des couleurs mais aussi à travers la très forte structuration des toiles, marquées par des lignes verticales, à la manière d’une trame.
Dans les années soixante et soixante-dix, il passe progressivement au pinceau et travaille verticalement. Tout en poursuivant son exploration de l’abstraction, il évolue vers une peinture plus précise, plus élaborée, grâce à l’utilisation, entre autres, de glacis légers. Il joue subtilement avec les accords de couleurs et insuffle à ses toiles un mouvement, un frémissement issu des touches juxtaposées. La structure y est toujours présente et la multiplicité des taches colorées, ce caractère si particulier du travail de Joe Downing, nous renvoie directement à la mosaïque et au divisionnisme.
Ci-dessous "La porte de Marguerite Tamisier" (1982, panneau de bois assemblé et peint)
L'artiste avait souhaité qu’une partie de ses œuvres restent en France et puissent être présentées au grand public. Avec cette exposition, c’est chose faite. Par ailleurs une très grande part de sa production est retournée aux Etats Unis où un musée lui est consacré dans le Kentucky.
Cette rétrospective Joe Downing apporte un éclairage fin et complet sur le travail d’un artiste qui n’a eu de cesse d’explorer, les couleurs, la lumière, mais aussi l’espace et les supports. Le parcours est agréable et cohérent, conçu avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Il permet d’appréhender le travail de l’artiste sous ses multiples facettes et de pénétrer dans un univers foisonnant et subtil, où même l’immobile semble animé d’un mouvement et d’une vie intérieure.
Le musée organise, du 23 au 26 septembre, une série de temps forts autour de l’exposition qui permettront au visiteur de découvrir ou d’approfondir l’œuvre et la vie de Joe Downing. Films, conférences, visites guidées, lecture de poèmes par des comédiens, ateliers d’écriture et du regard se succéderont et permettront d’apporter un éclairage supplémentaire.