Photographie
1 : Alexandre Cabanel, La Naissance de Vénus, huile sur toile, vers 1863, Paris, Musée d'Orsay, © RMN (Musée d'Orsay)/Hervé Lewandowsky.
D'après la mythologie, Vénus (Aphrodite en grec) serait née à Chypre de l'écume des flots. Alexandre Cabanel (1823-1889) la représente ainsi
naissante, entourée d'amours. Pas un brin de tissu n'entache ce tableau, pas une parure, si ce n'est celle toute académique de la mythologie. La même année, en 1863, Édouard Manet (1832-1883)
présente Le Bain ou Le Déjeuner sur l'herbe qui est un clin d'oeil
goguenard lancé à cet académisme. Une femme du commun, entièrement dénudée, assise sur l'herbe, y est peinte entourée de deux hommes habillés. D'autres mouvements picturaux s'inventent
alors en parallèle à l'académisme : le réalisme, l'impressionnisme, puis toujours dans la seconde moitié de ce siècle : le naturalisme, le
pointillisme, et Vincent van Gogh ...
Photographie 2 : Alors que dans La Naissance de Vénus, on retrouve
une sensualité que l'on peut rapprocher de certaines oeuvres de peintres précédents, du XVIIIe siècle, cette seconde oeuvre par contre préfigure ce qui va suivre, c'est à dire l'art nouveau (né
vers 1890), avec sa langueur géométrique et végétale. Du reste elle s'associe très bien à son cadre de style rocaille (début du XVIIIe siècle) qui puise aussi ses lignes dans la
nature.
Ces deux exemples picturaux s'inscrivent dans une idée de la beauté ; alors que pour d'autres peintres
de la même époque le beau est ailleurs, notamment dans la liberté … ce beau que de nombreux artistes du XXe siècle s'ingénieront à détruire. Le titre de l'exposition du musée Fabre de Montpellier (qui se déroule en ce moment et jusqu'au 5 décembre 2010) : Alexandre Cabanel, la tradition du beau,
n'est donc pas anodin. La peinture d'Alexandre Cabanel représente certes l'académisme du
milieu du XIXe siècle, mais s'inscrit aussi dans une tradition artistique qui innove, cherche et fait naître le beau : ici de l'écume des flots.