Résumé : Le révérend Cotton Marcus a perdu la foi depuis des années, ce qui ne l’empêche pas de pratiquer régulièrement des exorcismes, qu’il estime être parfois le seul recours psychologiques pour aider des personnes persuadées d’être possédées. Suivi par une équipe de télé, il expose sa méthode en se rendant dans la famille Sweetzer, dont le père est persuadé que sa fille Nell est possédée.
Survendu par une campagne de pub le présentant comme le film le plus terrifiant de l’année (mais n’est-ce pas le cas pour chaque nouveau film d’horreur qui sort?), Le Dernier Exorcisme fait partie de la vague des « bobines trouvées », très à la mode en ce moment à Hollywood. Plus proche d’un Projet Blair Witch que d’un Paranormal Activity (et c’est heureux), le second film de Daniel Stamm ne comble pas forcément toutes les attentes au niveau horrifique, mais est suffisamment surprenant pour être digne d’intérêt.
A l’instar de REC, le film commence comme un documentaire dans lequel une équipe TV suit le révérend Cotton Marcus dans sa vie de tous les jours. Un rapide survol de sa carrière permet au spectateur de comprendre que Marcus n’est pas un révérend comme les autres, puisque non seulement il est exorciste (une tradition familiale), mais surtout parce qu’il a perdu la foi et pratique en fait de faux exorcismes.
La première qualité du film, c’est de rendre le personnage (excellemment interprété par le très charismatique Patrick Fabian) très sympathique et attachant malgré le fait qu’il soit un arnaqueur. Car en réalité, même s’il trompe les gens, il ne le fait pas seulement pour en tirer profit, mais aussi parce qu’il croit réellement que c’est ce dont certaines personnes ont besoin pour aller mieux. Du coup, la longue première partie du film, présentant le personnage et ses méthodes de travail est réellement passionnante, malgré le fait qu’elle ne comporte quasiment aucun effet horrifique. La scène du faux exorcisme, très réussie, est à la fois hilarante, grâce au montage alterné montrant les « trucs » de Cotton, mais aussi assez triste quand on voit à quel point les membres de la famille Sweezer (ou tout du moins le père et sa fille Nell) croient à fond à ce qui se passe. A ce propos, la jeune Ashley Bell fait un travail remarquable dans le rôle de Nell, apportant fraîcheur et innocence juvénile au personnage, ce qui augmente le contraste avec son comportement dans la deuxième partie du film. Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette première partie, c’est un manque de rigueur dans la réalisation qui casse parfois l’idée qu’il s’agit d’un documentaire. Dans de nombreuses scènes, des champs / contrechamps sont utilisés pour montrer les réactions des personnages, ou pour filmer un dialogue, ce qui n’est absolument pas logique si le tout a été filmé « sur le vif » avec une seule caméra.
C’est après le faux exorcisme que le film bascule dans l’horreur, lorsque Cotton, toujours pas convaincu que la jeune fille est possédée, s’aperçoit que son truc n’a pas fonctionné. Toute la seconde partie consistera pour lui à démontrer qu’il ne s’est pas trompé et que les démons n’existent pas. Cette seconde partie est légèrement moins convaincante, notamment parce qu’elle est assez prévisible. On a droit à toute la panoplie des scènes classiques des films d’exorcisme : les multiples voix dans la chambre de Nell alors que celle-ci est seule, les contorsions impossibles de la jeune fille, la voix rauque pour se moquer du prêtre, etc. Quelques scènes sont réussies (le massacre du chat à coups de caméra), mais l’ensemble est un peu trop classique pour réellement effrayer. Cependant, le réalisateur parvient à maintenir une certaine ambiguïté tout du long sur le fait de savoir si Nell est réellement possédée ou si elle est seulement traumatisée par un lourd secret. Le final viendra cependant casser cette ambiguïté, apportant un nouvel éclairage à plusieurs éléments mis en place tout au long du film (les dessins de Nell, le comportement de son frère). Un final en demi-teinte, un peu trop granguignolesque et similaire à celui du Projet Blair Witch, mais plutôt bien fichu et surprenant.
Loin d’être un film révolutionnaire ou même terrifiant, Le Dernier Exorcisme tire tout de même son épingle du jeu grâce à son acteur principal et à une première partie plutôt intéressante. Cela ne le fera pas entrer dans les annales, mais permet de passer un bon moment.
Note : 6/10
USA, 2010
Réalisation : Daniel Stamm
Scénario : Huck Botko, Andrew Gurland
Avec : Patrick Fabian, Ashley Bell, Iris Bahr, Louis Herthum, Caleb Landry Jones