Si comme Odile et Jacques (Romane Bohringer et Didier Bénureau), couple de français lambdas un peu beaufs et un peu cons qui n'ont plus grand chose à se dire après quinze ans de mariage, vous peinez (et pour cause...) à vous faire des amis, rien de plus simple ! Filez au supermarché le plus proche et achetez-vous un couple d'amis élevés en plein air... Pas trop intelligents pour ne pas vous sentir inférieur, mais pas complément crétins non plus afin de pouvoir tenir une conversation conséquente au coin du feu. Rangés dans un placard après usage, ceux-ci trouveront sans difficulté une place au sein de votre ménage...
C'est de cette originale et improbable situation qu'est parti Gabor Rassov, auteur qui avait commis il y a plusieurs années l'assez jouissif "Jacques Et Mylène", pour s'amuser des travers de la vie de couple, de la société de consommation poussée à l'extrême (car ce n'est tout de même pas demain la veille qu'on ira s'acheter des amis...), et de ce que l'on appelle, parfois injustement, l'amitié.
Avec cette comédie, l'auteur parvient, grâce à une écriture de bonne tenue, efficace, et joyeusement piquante, à nous faire rire de ces soirées que passent Odile Et Jacques en compagnie de leurs nouveaux "jouets", Juliette et Guy, dont ils useront et abuseront jusqu'à l'extrême, révélant ainsi leurs plus bas instincts.
Romane Bohringer campe à merveille son personnage de mère de famille égoiste et stupide se voulant d'une classe et d'une distinction qu'elle n'atteindra jamais, quant à l'excellent Didier Bénureau, il ne devrait pas tarder à prendre complétement ses marques dans ce rôle de beauf pervers auquel il ne donne pas encore toutes ses couleurs. Nous regretterons enfin un jeu plus effacé, bien que très honnête, d'Aliénor Marcadé-Séchan et Matthieu Rozé en amis placardisés. Mais ce n'était hier soir que la première...
En conclusion, "Les Amis Du Placard" vous feront passer une bonne soirée, même si Gabor Rassov, et l'on pourra peut-être trouver cela dommage, n'a pas la pertinence, l'insolence, la profondeur ou encore la provocation d'un Hanock Levin.
C'est à la Pépinière Théâtre, dans une mise en scène de Pierre Pradinas.