Pour ou contre "L'alimentation de vos enfants" ?

Par Ariane_dt @ArianeGrumbach

Vous avez peut-être entendu parler d'un livre sorti récemment, qui bénéficie d'une large couverture médiatique : "L'alimentation de vos enfants , Pour en finir avec le marketing et les idées reçues", par le Pr Patrick Tounian et Fabiola Flex.

Qu'en penser ? Je précise tout d'abord qu'à ce stade, je n'ai pas lu ce livre, donc ces quelques impressions sont dues aux premiers compte-rendus et interviews (France Inter, Elle, ..) que j'ai captés. Ce n'est pas très rigoureux comme critique, je le reconnais, mais cela correspond aussi aux informations dont disposeront la plupart des personnes qui ne comptent pas lire le livre.

Alors, pour ou contre ?

Je suis POUR l'oubli des diktats nutritionnels, du comptage des calories, du classement des aliments en "bons" et "mauvais" qu'on s'impose et qu'on impose aux enfants, les éloignant du plaisir de manger.

Je suis donc POUR la volonté de déculpabiliser les parents, exagérément obsédés souvent par la nécessité de manger cinq fruits et légumes, de ne pas manger des produits gras et sucré, ... Il faudrait en même temps agir au sein des écoles pour promouvoir une éducation alimentaire et gustative et non une éducation nutritionnelle : avec cette dernière, on a des enfants, très jeunes, qui rentrent chez eux donner des leçons de "bonne nutrition" à leurs parents !

Je suis POUR la recommandation principale de manger varié et de ne pas avoir d'interdit (comme le préconisent les thérapeutes du G.R.O.S).

Je suis POUR la dénonciation des excès du marketing qui promeut sans cesse des produits "enrichis en", "allégés en ..., "spécial X mois" et en profite pour les vendre beaucoup plus chers.

Mais je suis CONTRE la promotion, qui me semble excessive, de certains produits : "vive le nutella, que les enfants mangent des croissants industriels tous les jours, ...". Je pense qu'il s'agit d'affirmations pour provoquer, faire parler et créer un électrochoc dans la tête des parents. Mais il ne faudrait pas passer d'un extrême à l'autre. Bien sûr que ces produits ne sont pas responsables en eux-mêmes d'un éventuel surpoids. Bien sûr qu'il ne faut pas interdire le Nutella mais on peut aussi goûter de pain et de chocolat (est-ce que je suis ringarde en disant cela ?!). Je préfèrerais qu'on développe le goût de tous les aliments et qu'on apprécie aussi des produits simples, de la cuisine maison, ...

Je suis CONTRE l'affirmation, qui risque d'être mal interprètée, que l'obésité serait prédéfinie car surtout génétique, car cela signifierait :

 - qu'il n'y aurait rien à faire et seulement accepter la situation ;

- que l'alimentation ne joue pas un rôle important : parmi les enfants en surpoids ou obèses, tous n'ont pas de prédisposition génétique. Certains mangent trop, pour toutes sortes de raisons. Et il n'est pas simple, au sein d'une famille, d'isoler les facteurs comportementaux (comment mangent les parents, comment cuisinent-ils, que donnent-ils à manger, ...) des facteurs génétiques. On peut amener un enfant à manger autrement, en revenant à l'écoute de ses sensations alimentaires, en comprenant ses motivations à manger, et avoir un effet sur son poids, sans le mettre au régime.

De plus, les études les plus récentes sur l'obésité semblent montrer que, s'il y a une prédisposition génétique, elle pourrait être partiellement modifiée par un environnement favorable. Au dernier congrès du G.R.O.S fin 2009, le professeur Philippe Froguel, directeur de recherche au CNRS, avait fait un point sur les liens entre génétique et surpoids dans l'état actuel des connaissances. Il semblerait que la mutation d'un gène précis soit impliquée dans le développement de certaines obésités. Mais son effet serait en partie réversible du fait de l'environnement, via l'alimentation et l'activité physique. Il n'y aurait donc, dans beaucoup de cas, pas de fatalité. 

Donc, enfants ou adultes, privilégions le plaisir de manger, la variété, l'écoute de notre corps.