Le top départ des derniers partants n'a pu être donné que deux heures après les premiers. Il y a eu du monde, hier, à Lille, pour la manifestation régionale contre le projet de réforme des
retraites débattu depuis hier à l'Assemblée nationale. C'est en fait la plus grosse mobilisation depuis celle tous azimuts de janvier 2009 autour de la crise, pour le pouvoir d'achat... La police
avait alors donné 24 000 manifestants. Elle en annonce 19 000 pour hier, contre 10 500 le 24 juin. Quant aux syndicats très satisfaits, ils avancent 32 000 participants contre 25 000 le 24
juin.
Secrétaire régionale de la CGT, Agnès Le Bot juge cette mobilisation « très positive. » Estimant : « Je ne vois pas comment un gouvernement peut être sourd alors que son projet de réforme a été
légitimement battu. » Dans son panier d'arguments, aussi, la mobilisation dans les entreprises : « Quelque 160 appels à la grève dans le Nord, très suivis par exemple à Outinord à
Saint-Amand-les-Eaux avec 70 % de grévistes, 90 % à Umicore Douai... » Dans le transport et notamment à la SNCF ou à Lesquin avec aucun vol au départ ou à l'arrivée, le mouvement a été plus suivi
que la dernière fois (lire ci-contre).
Dans l'enseignement, le taux de participation à la grève dans le premier degré (maternelle et primaire) était estimé hier matin par le rectorat à 29,7 % (24,2 % le 24 juin) et dans les collèges,
le taux se montait à 22,5 % (16,6 % en juin). Forte mobilisation donc, même si les lycées affichaient un taux plus resserré, à 17,7 %.
Enfin, les leaders syndicaux faisaient valoir les récents sondages d'où ressort que les Français contestent cette réforme. D'après l'IFOP, 70 % des Français considèrent les mesures
proposées « pas justes ».
L'exemple du CPE
Sur le pavé lillois, cet aspect était largement évoqué. « Je fais aussi grève pour ma femme qui ne le peut pas parce qu'elle travaille dans le privé », indique par exemple Nicolas, avec un
drapeau FO. Syndicat qui, hier, grossissait les rangs puisque c'est la première fois qu'il ralliait l'intersyndicale. Il pèse : dans la région, avec plus de 35 000 syndiqués, selon son leader
pour le Nord, Lionel Meuris, il est au coude-à-coude avec la CFDT.
François, 47 ans, d'Arras, porte autour du cou une pancarte : « Métro, boulot, caveau ». « C'est la première fois que je manifeste. Car là, c'est aussi un ras-le-bol général contre Sarkozy qui
joue avec les peurs des Français. Je suis contre le projet de réforme des retraites, mais je ne pense pas qu'ils le modifieront. » Beaucoup, ainsi, ne croyaient pas être entendus, mais ils
tenaient à défiler. Agnès Le Bot s'en défend : « Le CPE, par exemple, a été adopté par les parlementaires, mais à la demande de Jacques Chirac, il n'a jamais été appliqué. » Cela étant, les
concessions du gouvernement ne risquent-elles pas de fissurer le front syndical ? Pascal Catto, secrétaire de la CFDT Nord - Pas-de-Calais, assure : « Les possibles avancées du gouvernement sur
la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnées, c'est tant mieux, mais on restera ferme sur le maintien de l'âge de la retraite à 60 ans. » Motivée, Catherine Piecuch, leader
régional FSU : « Cette journée n'est certainement pas un baroud d'honneur. » •
Source : La voix du Nord