Le dealer de gallinacιs...
L’air louche, le regard fuyant, l’homme, vκtu d’un treillis militaire, les souliers maculιs de terre, dιposa la petite malle, genre « glaciθre » sur le dallage de la minuscule piθce plongιe dans la pιnombre ; les deux femmes suivirent les gestes fιbriles de leur fournisseur habituel…Deux jours auparavant, la transaction avait eu lieu par tιlιphone : comme toujours, dans ces cas lΰ, avec les prιcautions d’usage, parlant en langage hermιtique que seuls les initiιs ιtaient ΰ mκme de comprendre :
« Combien tu nous le fais ? »
« Un peu plus cher que d’habitude, c’est de la brune ! »
« Et de la blanche, tu peux en avoir ? Et surtout combien, j’ai des clients pour ηa ! »
« Ιcoute, mon grossiste fait ce qu’il peut, ok ! »
Le ton de l’homme au tιlιphone laissait supposer une transaction longue et ardue, bref, une entente entre les trois protagonistes fut scellιe.
Il faut dire que dans ces petits villages, les ragots vont bon train et le bouche ΰ oreille est rapide, une clientθle a vite fait d’aller ailleurs chercher le bon produit, surtout le parcours assez bizarre de la « chose » tant convoitιe : de la filiθre compliquιe d’une ferme isolιe dans le dιpartement de la Bresse, au magasin d’une esthιticienne avec des contacts un peu partout, une organisation maintenant rτdιe surtout en pιriode de fκte…
Devant les yeux ιmerveillιs des deux consommatrices, l’homme, avec des gestes un peu thιβtraux, ouvrit la glaciθre, les deux femmes, tιtanisιes, les yeux gourmands, la lippe humide n’arrivent pas ΰ dιtacher leurs regards de l’objet tant dιsirι, enfin, se ressaisissant, la premiθre, Annie, prit le tιlιphone :
" Allo allo "
"Bonjour, vous κtes bien sur le rιpondeur tιlιphonique de… Orang-outan, laissez- moi un message… "
« Oui, allo, Mamour, c'est ta Meuf ici, j’ai le poulet fermier pour Noλl, comme promis, de toute beautι… »