Les sénateurs chiliens Fulvio Rossi (PS), Isabel Allende (PS) y Guido Girardi (PPD) ont déposé, mercredi 4 août 2010, un texte de loi pour rendre possible le mariage homosexuel au Chili (photos avec l'autorisation du service de presse du Parti Socialiste chilien)
C’est ce qui s’appelle jeter un pavé dans la mare : Fulvio Rossi, sénateur et président du parti socialiste depuis le 25 juillet 2010, démarre son mandat à la tête du PS chilien sur les chapeaux de roue. Dimanche 1er août 2010, il a annoncé qu’il déposerait dans les semaines à venir un projet de loi pour légaliser le mariage entre deux personnes du même sexe. Aussitôt dit, aussitôt fait, il l’a présenté aujourd’hui, mercredi 4 août, accompagné des sénateurs Isabel Allende (PS) y Guido Girardi (Partido por la demócracia, PPD).
Le Chili emboîterait ainsi le pas de l’Argentine, devenu mi-juillet le premier pays d’Amérique latine à autoriser le mariage homosexuel.
Le Président prônait une « reconnaissance civile » pendant la campagne
Sauf que l’Argentine n’est pas le Chili. Ultra-catholique – la « pensée du jour » du prêtre était encore diffusée à la télévision nationale avant le journal de 20h il y a peu et plus de 70% de la population se dit croyante – et peu progressiste – en vrac, le divorce n’est autorisé que depuis 2004 et la pilule du lendemain continue de faire débat -, la proposition de Rossi n’emballe pas plus que ça. Dans son propre camp, beaucoup doutent de la pertinence d’une telle proposition de loi jugeant « les Chiliens non-préparés à cela ». Seul le Partido por la demócracia (centre gauche) assure vouloir soutenir la démarche.
Du côté du Partido demócrata cristano, on prône plus « une régularisation » des couples gays avant d’oser toucher au sacro-saint mariage. Quant au parti du président Sebastián Piñera, Renovación Nacional (droite), il s’était clairement prononcé pour une reconnaissance civile des unions gays – provoquant l’ire d’une partie de ses soutiens ! – sans toutefois se prononcer en faveur du mariage des homosexuels.
Le sénateur Fulvio Rossi, chrétien, marié et père de trois enfants : l'homme qui secoue le Chili
Très vite, l’annonce a scindé le Chili en deux parts inégales. D’un côté, les tenants majoritaires du « non » pour qui « l’origine même du mot « matrimonio » [mariage en espagnol, NDLR] fait allusion à l’union d’une femme et d’un homme », peut-on lire dans le courrier des lecteurs du quotidien El Mercurio. Les « pour » eux rappellent que « la démocratie est censé être laïque » et que « le poids de l’église ne doit pas faire oublier le droit à l’autodétermination des gens », s’agace un autre lecteur.
« C’est un pas en avant dans la lutte contre les discriminations », a assuré Fulvio Rossi lors d’une conférence de presse donnée hier. Il faudra maintenant que le Parlement accepte de se prononcer en faveur de la modification de l’article 102 du code Civil. Celui qui établit le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme. A moins d’un revirement de situation, en l’état le projet de loi a peu de chances d’aboutir.