Alors que le Chili est tenu en haleine par les péripéties des mineurs miraculés – Chili et carnets en parlait d’ailleurs ici et ne manquera pas d’y revenir prochainement – un autre dossier secoue le pays. Depuis plusieurs semaines, les Chiliens sont confrontés à un problème qu’ils n’arrivent pas à endiguer : le mal-être de leurs jeunes.
En août dernier, deux adolescents ont défrayé la chronique à une semaine d’intervalle. La première, une enfant de douze ans avait indiqué souffrir de brimades régulières au sein de son établissement scolaire de Puerto Montt et s’est suicidée. Le second, plus âgé et scolarisé à Valparaíso, a poignardé l’un de ses camarades un peu trop entreprenant avec sa petite amie. Quelques jours auparavant, d’autres mineurs ont été violentés à la sortie de leurs établissements scolaires et de nombreuses agressions été signalées dans les écoles.
Selon les récents résultats d’une enquête rendue public par le quotidien El Mercurio, les actes d’intimidation et de violences entre jeunes ou sur des jeunes dans les établissements scolaires ont bondi de 57% en un an (de 1046 à 1637) et le Chili décroche une triste palme : sur 16 pays passés au crible par l’Unesco, c’est au Chili que l’ambiance scolaire serait la plus détestable…
Le minsitre de l'Education, Joaquin Lavín, entend faire chuter le nombre de cas de maltraitance dans les établissements scolaires (photo Gobierno de Chile)
L’affaire est suffisamment préoccuppante pour que le ministre de l’Education nationale Joaquín Lavín se penche sur le dossier : « Il s’agit d’un problème national, s’est ému le ministre. Les intimidations et les mauvais traitements à l’école ne concerne pas que les établissements publics, le privé aussi est touché. » Selon lui, la hausse conséquente du nombre de cas répertoriés ne proviendrait pas d’une recrudescence soudaine des violences. « Mais les moyens de communication sont tels aujourd’hui qu’il est plus facile de les répertorier », estime-t-il. Les sites de vidéos en ligne et autres réseaux sociaux permettraient de découvrir des choses autrefois passées sous silence. Pis encore, cela entraînerait d’autres dérives chez les jeunes qui souhaitent se faire mousser sur le net.
Le raccourci est facile mais il n’explique pas tout. Aussi le gouvernement planche-t-il sur un projet de loi destiné à calmer les ardeurs des jeunes et à responsabiliser les encadrants scolaires. Dès le mois de mars 2011 (pour la rentrée scolaire chilienne), les responsables d’établissements devront systématiquement faire remonter les cas de violence entre élèves et sanctionner plus durement les auteurs. Le projet de loi risque aussi de taper du côté des budgets des établissements : si un élève doit changer d’école pour cause de mauvais traitement, les frais médicaux, psychologiques et de réinscription seront à la charge de l’établissement incriminé. Un argument coup de poing qui devrait inciter les directeurs à appliquer la tolérance zéro…
Enfin, dans les prochains jours, un guide de bonne conduite doit être distribué auprès des jeunes pour tenter de calmer le jeu. « Pour de nombreux adultes, les brimades entre jeunes ne sont que des blagues, regrette Joaquín Lavín. Mais cela peut affecter durablement leurs vies comme l’a montré l’actualité ces derniers temps. »
Le dossier tout juste présenté n’a pas encore provoqué de réaction épidermique. Mais il est fort probable que le corps enseignant monte au créneau si le gouvernement décide de rogner dans les budgets des établissements pour faire régner le calme.