Place aujourd’hui à la courtisane bourgeoise. Une alternative à ces cocottes de haut vol, dont Balzac avait déjà fait le portrait. notamment Esther, la Torpille, dans Spendeurs et misères des courtisanes.
Valérie Marneffe est femme d'un sous-chef dans les bureaux de Hulot. C'est sur elle que le baron jette son dévolu quand Josépha le plaque. Elle lui coûtera finalement plus que la cantatrice, tout en sauvant les apparences bourgeoises, et elle finira par se faire épouser par le maire d'un arrondissement parisien.
Cette Valérie est diaboliquement habile. Elle séduit le beau-fils de Hulot, entretient quatre amants en même temps, fait croire à tous qu'ils sont responsable de sa grossesse, ce qui fait dire à son mari complaisant qu'à eux tous, ils sont les cinq Pères de l'Eglise.
Et la cousine Bette? Elle devient peu à peu personnage secondaire, l'amie de Valérie, avec qui elle entretient une relation quasiment homosexuelle (ou du moins elle est pour Marneffe ce que Vautrin est pour Rubempré). Introduite partout, elle ruine la vie et détruit la famille de sa cousine abhorrée.
Résultat: Hulot descend aux derniers degrés de la déchéance.
Après Valérie, il entretient une ouvrière, puis une lorette semi-prostituée, puis une fillette toute jeune « un petit ange, une bonne créature, une innocente et qui n'est pas assez âgée pour être encore dépravée » (on ne connaît pas l’âge exact de Hulot, mais tout le monde lui donne 80 ans). Son beau-fils perd sa femme, son avenir d'artiste. Sa famille est déshonorée. Et nous savourons. Schadenfreude, disais-je...
Bien entendu, il y a une fin presque morale, un dernier coup de théâtre. Valérie meurt, empoisonnée vénériennement par son amant brésilien qui veut se venger. Elle emmène son maire de mari dans la tombe. Leur argent revient chez les Hulot.
Mais au final, le baron incorrigible séduit encore sa cuisinière, une souillon horrible, et lui offre le mariage à la mort de sa femme. Celle-ci entend tout. C'est le coup de grâce. Mort de la sainte.
Et délectation de tous les cruels!