Il ne faudra pas une oreille très attentive pour se rendre rapidement compte que classer Surf in Stereo au rayon jazz s’avèrerait terriblement réducteur. Bien qu’évoluant en formation classique guitare/contrebasse/batterie, nos lascars se décrivent eux-mêmes comme pratiquant un indie surf jazz expérimental. Tout un programme en soi ! Surf ? Ils le sont indubitablement - look de garçons de plage californiens à l’appui si nécessaire - mais plutôt dans le registre des trop peu connus Man or Astroman?, les références aux ovnis et au Dr. Spock en moins, la touche 60’s en prime. Indie ? Très certainement. Mais là où Surf in Stereo fait réellement la différence, c’est en termes de technique et d’expérimentation musicale dans un registre, le jazz, parfois perçu comme pompeux et truffé de clichés. En l’absence de chant, le guitariste Kasper Ejlkerskov Leonhardt, fort de son expérience avec The Olympics et Indigo Brown, affiche ainsi une inventivité et une souplesse de jeu très surprenantes pour son relativement jeune âge. Le batteur Michael Viktus, également actif au sein des très punky Beat City, supporte parfaitement des compositions fichtrement bien balancées alors qu’à la contrebasse Jonathan Bremer assure tranquillement, quitte à jouer jusqu’à s’en faire saigner les doigts, comme ceux qui ont eu la chance de voir le groupe en live pourront en témoigner.
Outre la plage inaugurale qui n’est pas sans rappeler Sonic Youth par moment, bon nombre de morceaux s’aventurent vers des contrées plus indie-rock (Rave On It), voire carrément latin rock comme Sneaking ou Sangria Feast On Mallorca qui raviront les amateurs de Fools Gold et de Local Natives. L’avantage d’une production live comme celle-ci, outre son coût de production relativement limité, reste bien entendu la grande place laissée à l’improvisation, d’une importance vitale pour tout musicien digne de ce nom. On voit ainsi débarquer au beau milieu de Surprise Hotel un étonnant clin d’œil au James Bond de John Barry et Monty Norman.
Au final, Live In Pararadise, dans son joli digipack orné d’une nageuse elle aussi un peu sixties, s’avère, à défaut d’être réellement révolutionnaire, une excellente occasion de faire plus ample connaissance avec un trio qui gagne réellement à être connu. A une époque où la musique se retrouve de plus en plus compartimentée, Surf in Stereo, de par sa capacité à renverser les genres et à surprendre intelligement l’auditeur, nous offre ici un petit coup de fraîcheur bienvenu.
Vidéo
Tracklist
Surf in Stereo - Live in Paradise (Gateway Music, 2010)
1. Shit, We Are Schizophrenic
2. Sneaking
3. On a Toscani Night
4. Give Five
5. Grandpa’s Grand Old Song
6. Rave On It
7. I Never Made It Through
8. Sangria Feast on Mallorca
9. Radio Head
10. Camel Toe