Par Eddie Williamson - BSCNEWS.FR / J’suis pas quelqu’un de cynique. J’aime bien Beyoncé, Alicia Keys, il y a même des chansons de Britney Spears que j’écoute avec plaisir. La pop actuelle, celle qui se retrouve récompensée aux “MTV Awards” et pollue les ondes FM, me fait quand même abondamment vomir. Alors quand apparaît un album pop, avec dedans ce fameux “r’n'b contemporain”, mais aussi de la funk, de la soul, du rap, des cordes, un featuring de of Montréal qui sort de nulle part, de la folk, une chanteuse qui a apparemment autant de bonnes idées à la seconde que Domenech en a de mauvaises, je me dois de vous en parler.
The ArchAndroid (Suites II & III) est, comme son nom l’indique un peu, une oeuvre très ambitieuse, à la hauteur de la versatilité de la diva américaine et de ses musiciens. En fait, c’est pas compliqué, Janelle Monae écoute de tout, aime tous les genres, et a le talent nécessaire pour s’attaquer à tout ce qu’elle veut. C’est sa voix qui étonne constamment dans cet album : elle arrive à sauter d’un genre à l’autre, à adapter son chant et, à chaque fois, elle arrive à ses fins. Ecoutez “Oh, Maker”, les virages vocaux à 90° qu’elle prend, la retenue splendide dont elle fait preuve sur “57821″. Les morceaux les plus r’n'b me plaisent moins, le featuring psychédélique de of Montreal n’est pas des plus réussis, c’est quand elle montre l’étendue de ses talents de chanteuse soul et funk qu’elle me fait le plus plaisir.
Ambitieux donc, épique pour sûr, cohérent… Le fil rouge, c’est Janelle, son esthétique particulière. Vous imaginez bien qu’avez un titre et une pochette pareils, il y a toute une symbolique, les titres ne s’enchaînent pas n’importe comment, etc. Personnellement, en écoutant ce disque, j’ai pensé à des comédies musicales, à des films de Walt Disney, avec ses moments de pur délire, de joie, de tristesse… Si The ArchAndroid était un film, Janelle Monáe Robinson aurait le premier rôle, le second rôle, serait à la réalisation, au décor, au montage, à la promotion, partout. Elle est très intelligente, ayant dès le départ imposé son personnage (coiffure, vêtements, danse) et su s’entourer d’un gang de musiciens vraiment impressionnant. Elle a tout d’une icône, comme une Lady Gage qui aurait gagé ses excès contre du génie musical, ce dont ne manque pas Janelle. Elle a tout d’une Prince au féminin.
Il y a tellement de choses dans cet album, c’est juste délirant. Trop, peut-être ? C’est de la pop, c’est donc ultra-accessible, écouter ce disque c’est ouvrir une boîte de bonbons qui ne contient pas ces horreurs à la liqueur que vous recrachez dans la poubelle en essayant de garder péniblement votre dignité.
Janelle et ses musiciens reprennent les codes usés de la funk, de la soul, du r’n'b, mais réussissent à rendre le tout frais et moderne, et délivre dans The ArchAndroid une collection extrêmement séduisante de chansons, et le meilleur album pop de l’année. Plongez-y, vous y trouverez assurément de quoi vous mettre sous la dent !
Sortie le 18 mai 2010 (Bad Boy Records)
En écoute sur Grooveshark : http://listen.grooveshark.com/#/album/The+ArchAndroid/4016062